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Critique de Dombrow01


En lisant Johnny chien méchant, on aimerait que ce soit un roman. Et puis on pense à ce qui se passe en République Démocratique du Congo par exemple, et on se dit que ce n'est pas vraiment une fiction, que l'auteur a pu s'inspirer de nombreuses situations réelles pour son scénario.
Ryszard Kapuscinski disait qu'en Afrique il y avait 2 sortes de gens, ceux qui tenaient les fusils et les autres. Chacun des 2 personnages principaux de Johnny chien méchant appartient à une de ces catégories, Johnny est le milicien brutal qui terrorise les populations et fait la guerre pour le pillage, tandis que Lao est une jeune fille qui a vu son père assassiné, sa mère mutilée par des miliciens qui venaient piller leur maison.
Malgré la cruauté omniprésente, il y a de l'humour dans ce récit, car l'auteur tourne en ridicule les brutasses qui constituent les diverses milices dont personne ne connait plus l'allégeance. le conflit est parfois présenté comme une lutte entre les Dogo-Mayis et les Mayi-Dogos, deux ethnies que l'on peut supposer assez proches. Et puis il y a le discours officiel des dirigeants, un monument d'hypocrisie, de belles paroles creuses destinées à baratiner l'opinion publique. "Ils nous ont enjoint de dire à ceux qui nous poseraient des questions que nous combattions pour la liberté et la démocratie et cela pour nous attirer les sympathies du monde extérieur" nous dit Johnny.
Le récit alterne, chaque paragraphe étant raconté par l'un ou l'autre des protagonistes. Tout le monde en prend pour son grade dans ce livre : les dirigeants corrompus, les militaires brutaux, les miliciens, véritables fous de la gâchette qui jouissent de la peur qu'ils inspirent, mais l'auteur sous-entend également que des compagnies pétrolières paient largement les politiques pour qu'ils les laissent piller les ressources du pays. Quant aux personnages Européens du livre, ils ne sont pas tous à montrer en exemple. Ceux qui sont réfugiés à l'ambassade exigent un traitement de première classe quand les gens meurent à côté d'eux, tandis que certaines ONG sauvent les gorilles mais restent indifférents aux enfants.
Heureusement il y a de l'humanité dans ce livre. D'abord celle de Lao, la jeune fille qui survit tant bien que mal à toutes les catastrophes qui s'abattent sur elle, et puis celle des infirmières du HCR et du CICR qui se dévouent corps et âme au sauvetage des civils pris entre deux feux, refusant de céder aux brutes armées qui envahissent leur camp. Malgré la violence gratuite, l'humour de l'auteur qui nous présente les situations sous un angle grotesque, et l'humanité de certains personnages rendent ce livre très attachant.
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