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Critique de hanyrhauz


Le XIXe siècle est un siècle éminemment politique. Il naît dans le bruit et la fureur de la Révolution française pour disparaître sous les bombes et la boue des tranchées.
C'est une époque violente où tous les coups sont permis pour faire émerger une idée forte : il faut vendre, il faut prendre le pouvoir et c'est parce qu'on vend et se vend qu'on prend le pouvoir.

Christophe Donner est le plus fin des romanciers. Il sait mieux que quiconque raconter des histoires. Ici, celle de son arrière-grand-père, Henri Gosset, ami de Léon Daudet. Et par le biais du fils de, Édouard Drumont, auteur de la France juive. Cet ouvrage, best-seller de son temps, a fait naître la notion d'antisémitisme, et n'a qu'un but : attiser la haine dans un pays qui ressemble de plus en plus à une poudrière. Les journaux, nombreux et de tout bords, doivent faire parler d'eux. Une fausse information, un démenti, et c'est déjà deux articles. Peu importe qui l'on bafoue, que cela conduise à des duels, à des vengeance. Il faut se faire connaître, il faut exister.
L'écho avec Illusions perdues est fort. Les journalistes se vendent, les journaux s'achètent et le jeu politique se noue dans les rédactions. Et l'affaire Dreyfus se montre sous un tout autre jour.

Édouard Drumont pourrait n'être qu'un personnage ridicule, enfermé dans sa vision du monde, détestant Juifs et Allemands tout autant. Mais il est terrifiant. Parce qu'il est drôle et malin, qu'il sait comment séduire les foules, qu'il sait écrire. Parce qu'il deviendra député d'Algérie. Parce que même s'il ne réussira pas à atteindre pleinement son objectif personnel, il aura de nombreux alliés qui le suivront aveuglément, avant que d'autres prennent sa place.

C'est un grand roman. Intelligent, nécessaire, passionnant. le ton de Donner n'est jamais pesant, tout en second degré. Il résonne avec d'autant plus d'intensité depuis quelques semaines et la présence de candidats (ou non) aux discours qui n'ont aucun sens si ce n'est celui d'occuper l'espace médiatique. On n'en finit pas de rejouer la comédie humaine.
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