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Critique de tamara29


Adam, le narrateur, vit dans une cité de Londres, dans une tour appelée « Eden » qui se voulait à l'architecture avant-gardiste issue du « brutalisme ». Mais seule cette image est restée que viennent photographier les classes plus aisées tandis que la réalité est plus brute, justement, plus amère, ressemblant plus à un ghetto dans lequel, faute de mieux, habitent et se côtoient des familles populaires. Et l'Eden est devenu presque l'enfer que tous aimeraient fuir.
Adam est un jeune homme de 17 ans, qui a perdu sa mère alors qu'il avait 9 ans. Sa soeur Lauren, plus jeune, n'a plus beaucoup de souvenir d'elle. Cette mère était une mère courageuse, s'occupant de ses enfants, travaillant comme caissière dans un petit supermarché, même s'il fallait pour cela passer des heures dans les transports. Son conjoint était à l'époque (et l'est encore) de la pire espèce, alcoolique et violent.
Leur mère les a quittés un matin. Depuis, le jeune homme essaye de garder en mémoire la plus belle des images d'elle et de ne pas lui en vouloir de les avoir laissés seuls avec ‘l'autre'.

Quand on est jeune, lorsqu'on sait que les codes de la pauvreté nous collent à la peau (tenue, langage, habitus…) et qu'on n'a pas trop d'espoir de sortir de sa condition sociale, y'a de quoi trainer un blues, un fatalisme, une colère contre la vie et le système … Adam tient parce qu'il y a sa petite soeur dont il s'occupe comme il peut. Et aussi par la présence de ses 2 bons amis Pav et Ben (ce dernier commençant à se faire un nom dans le milieu du Street Art), et Claire, aveugle, à qui il fait la lecture plusieurs fois par semaine. Claire, c'est un peu son premier pas dans l'autre monde. Grâce à elle, peu à peu il apprend, se cultive, s'éduque, intègre de nouveaux codes sociaux…
Un matin, alors qu'il est à la gare, Adam croise une jeune femme Eva, qu'il croit sauver d'une tentative de suicide. Attirance pour elle mais aussi choc des cultures, peur de l'image qu'il peut renvoyer, d'autant que cette jeune femme appartient à une famille d'un milieu plus favorisé.
Bien sûr, on pense aux Adam et Eve contemporains, Eva qui, peut-être, par sa seule présence pourrait permettre à Adam de quitter l'Eden. le lecteur découvre la vie de cet adolescent à ce moment charnière où Adam va croquer le fruit de l'arbre de la connaissance…

Ce roman c'est une plongée dans la jeunesse des banlieues. L'auteur d'origine franco-britannique dresse un tableau du quotidien de cette jeunesse londonienne, souvent âpre, parfois violent, mais aussi empli d'espoir (et qu'on pourrait transposer dans n'importe quelle grande banlieue occidentale). A travers une histoire d'amour, il porte un regard social et même sociologique sur cette jeunesse. Regard sur les clivages entre classes sociales, sur ces jeunes qui veulent s'en sortir. Mais c'est aussi le regard qu'on peut avoir sur soi-même, sur les autres et notre relation aux autres. Les murs qu'on s'érige par manque de confiance en soi, par cette dépréciation notamment inhérente de la distinction sociale.

Tout au long du roman, on a plaisir à suivre Adam, jeune homme sensible, courageux, lucide, et résiliant. Il arrive souvent à provoquer en nous intérêts et émotions. Si on l'apprécie, on s'attache à lui, c'est peut-être du fait de ses fragilités, parce qu'il n'est pas un homme super-héros, mais juste comme un peu chacun de nous.
Par l'attachement du lecteur pour Adam, l'écriture sensible et réaliste mais aussi les quelques effets de surprises ou évènements qu'amène l'auteur, « Fuir l'Eden » d'Olivier Dorchamps se révèle être un très bon roman contemporain. Un roman que j'ai lu très rapidement tant le plaisir était grand...
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