AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de paulmaugendre


Rendez-vous des poètes et rimailleurs, des chansonniers et musiciens, des peintres et des rapins, le Lapin agile (anciennement Lapin à Gil) accueille une faune diverse et variée. Sans oublier petits truands et anarchistes, ainsi que les représentants d'une société plus huppée désireux de frayer avec la plèbe.

Ce soir, Paul-Gérard Clair, plus communément appelé Gérard, un poète en devenir, s'est invité à une table, et pour s'attirer les bonnes grâces des consommateurs, offre une tournée, payant avec un Louis d'or. Clabaud l'anarchiste l'accuse de régler en fausse monnaie, ce qui provoque une petite émeute. Mais Gérard démontre son innocence, et bientôt il va intégrer ce cénacle dont bon nombre de membres sont logés chez Lucie Rapin, au château des Brouillards. Une grande bâtisse située entre l'allée des Brouillards et la rue Girardon, rendez-vous des artistes et des marginaux.

Gérard vit dans un galetas, remisant dans une armoire quelques rouleaux de pièces d'or, un viatique qui devrait lui permettre de vivre durant deux ans, si tout va bien. Mais il fait la connaissance de Marie-Louise, qui effectue des travaux de couture, et de sa soeur Cri-Cri. Elles vivent au quatrième étage. Marie-Louise est bien gentille et entre les deux jeunes gens s'ébauche une idylle dont la conclusion se trouve entre les draps.

Et pour aider Marie-Louise, Gérard n'hésite pas à se montrer généreux, le magot fondant comme iceberg sous le soleil des tropiques. Mais ce qui obère le plus son pécule, c'est lorsqu'il se montre dispendieux auprès de Daisy Bell, une comédienne américaine qui devrait interpréter une pièce qu'il a écrite et qu'il retravaille souvent. La pièce, évidemment.

Et puis il sympathise avec un vieux feuilletoniste, Gouttenoire, qui achète aux rapins des tableaux afin de leur permettre de subsister. Plus par philanthropie que par l'appât d'un gain éventuel et aléatoire. Ce qui énerve sa femme, parfois il faut peu de choses pour que les reproches acrimonieux éclatent bruyamment dans un ménage.

Le vieil amateur s'était ainsi offert à des prix raisonnables des Picasso, des Modigliani, des Utrillo, des van Dongen, tous ces produits de Montmartre que dédaignaient les grands marchands…

S'il côtoie le Marquis de la Dèche, Gérard pourrait bientôt s'affubler lui aussi de cet alias, vendant ses objets précieux et ses livres. Alors il se rend souvent chez Lucie Rapin, qui exerce la profession de relieuse, au Château, s'abouchant avec l'un ou l'autre des habitués. Jusqu'au jour où un paquet lui est confié… Et il se trouvera embarqué dans une histoire mêlant anarchistes et faux-monnayeurs.



Roland Dorgelès, qui a vécu dans ce quartier montmartrois avant la Grande Guerre, s'inspire d'expériences vécues, ayant fréquenté toute cette faune interlope.

D'ailleurs incidemment il se met en scène par une présence fugitive. Il est un observateur, un spectateur qui ne participe pas au récit.

Quand le bruit se répandit dans Montmartre que la pièce de Paul-Gérard Clair allait être jouée sur les boulevards, ce fut une telle stupéfaction que pas un de nous ne songea à le féliciter.

Le Château des Brouillards permet une incursion dans le passé, dans ce quartier qui depuis a gardé son charme, ses vieilles ruelles et impasses, son aura artistique, mais a bien évolué quand même devenant peut-être un peu trop touristique. L'avenue Junot n'avait pas encore été créée, elle le fut entre 1910 et 1912, dans cette zone connue sous le nom de Maquis de Montmartre, dans le quartier des Grandes Carrières. Mais une partie du pittoresque demeure même si les masures des bohèmes et des chiffonniers ont été rasées.

Lien : http://leslecturesdelonclepa..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}