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Critique de Laureneb


Je découvre cet ouvrage après avoir lu Proust, émeute littéraire de T. Laget dans lequel il explique pourquoi selon tous les contemporains les Croix de bois auraient dû être couronnées par le prix Goncourt au lieu des Jeunes Filles en fleurs de M. Proust. Si en 1919 les Croix de bois étaient considérées comme une oeuvre nécessaire, mémorielle, elle sont aujourd'hui plus à lire comme un témoignage historique que comme un chef-d'oeuvre littéraire - sur le plan purement esthétique et stylistique.
Ce n'est pas un texte purement engagé : pas de dénonciation pacifiste ou internationaliste de la guerre et de ses horreurs, pas d'exaltation patriotique non plus. L'auteur peint des soldats et des hommes ordinaires, au plus près, le trouffion qui peuplait les tranchées, ni un héros, ni un lâche. Ces poilus se battent parce qu'on leur demande, un "on" indéfini, des chefs sans nom. Ce sont donc des hommes de troupes qui obéissent par devoir plutôt que par conviction, auquel l'auteur veut restituer leur humanité, il veut rendre un visage à tous ces combattants anonymes sur des croix de bois, des croix de planches, des croix sans nom - en 1919, les monuments aux morts ne sont pas encore construits.
Chaque combattant de cette Grande Guerre pourrait se reconnaître, c'est un portrait universel, essentialisant ; pas de nom de bataille ou de lieu, mais une description de l'expérience commune, partagée par tous. Une expérience qui est d'abord celle de l'attente : attente nerveuse d'un ordre d'attaque, attente angoissée d'un déluge de fer et d'acier de l'artillerie ennemie, attente fiévreuse de la pluie qui rafraîchit les blessés, attente mortelle des ambulanciers dans le noir, attente affamée d'une soupe chaude et d'un quart de rouge, attente amoureuse d'une lettre de la fiancée, attente d'une reconnaissance qui ne vient pas...
Quelques images sont poignantes et évoquent davantage la littérature sur le plan du style, à l'image de cette colline calcaire aux arbres dénudés par les bombardements comparée à un calvaire avec ses stations de croix, un enfant sur son lit de mort qui fait pleurer tous ces hommes forts, le désespoir d'un père attendant le retour de son fils et adoptant ainsi par procuration tous les soldats en cantonnement, ou la désillusion d'un soldat amputé croyant revenir en héros face aux petites magouilles de l'arrière.
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