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Critique de Tom_Otium


Le propos de cet ouvrage est de reconsidérer la valeur travail, d'élargir sa signification à des activités pas forcément rémunérées mais utiles à la société. Au « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy, Camille Dorival répond : « Le travail, non merci ! ». Ce titre est une provocation, mais une provocation utile et même nécessaire voire urgente, une incitation à la réflexion. L'avancée technologique produit des gains de productivité toujours plus importants, les machines (de moins en moins chères) remplacent les hommes (de plus en plus chers). le travail aliéné, répétitif, ingrat et difficile sera de plus en plus pris en charge par l'automatisation. le travail libérateur, qui émancipe, épanoui, libère les créativités et solidarités de toutes sortes, a quand à lui beaucoup d'avenir. Il est temps de l'encourager en le valorisant. Oui il s'agit de travail, et de travail utile à la société même s'il n'est pas forcément rémunéré. Il peut même être plus utile que beaucoup d'emplois dans le commerce ou la finance par exemple. Comme le disent les décroissants : « pour nous, si un travail est considéré comme nuisible à la société et à l'environnement, il vaut mieux ne pas le faire ».

J'ai donc bien aimé ce petit livre de 200 pages datant de 2011, il sera pour moi le point de départ, l'introduction à plusieurs sujets qui m'intéressent : les chômeurs assumés (chapitre 1), la simplicité volontaire (chapitre 2), le revenu de base (chapitre 4) et enfin la fin du travail ou plutôt la réduction nécessaire du temps de travail légal (chapitre 7). Ce dernier point est capital ; on n'arrête pas le progrès et donc le chômage, c'est structurel. Il faut complètement repenser notre système, beaucoup trop dualisé à l'heure actuelle, au lieu d'attendre une éclaircie au niveau des chiffres. Indicateurs économiques qu'il faudrait d'ailleurs changer -il en est question- car qu'est-ce qui compte vraiment ? La croissance ou le bonheur ? Quand on voit que beaucoup de gens ont bonne conscience à faire ce que les politiques nous disent de faire c'est à dire travailler plus (donc produire plus) pour gagner plus et surtout consommer plus (mais aussi polluer plus), on se dit qu'on marche sur la tête, qu'on fonce dans le mur et que certains voudraient accélérer !

Les autres chapitres m'ont moins passionnés, surtout celui sur les mères au foyer. Heureusement la lecture est ponctuée de témoignages intéressants et agréables à lire, parfois touchants même. L'ouvrage est très bien documenté (nombreuses références bibliographiques) et contient de nombreux chiffres, notamment dans les chapitres sur la place du travail dans la vie sociale et sur les équilibrages faits entre travail rémunéré et travail libre. J'ai particulièrement aimé les catégorisations du chômage ou du travail, ainsi que le petit historique de la valeur travail à la fin du livre. En résumé, c'est un petit ouvrage vraiment sympa à lire, assez dense finalement, pas dans le sens de difficile à lire car il est très clair mais dans le sens de richement fourni en contenu passionnant. Les auteurs sont clairement de gauche, avec un côté parfois un peu victimaire au niveau des classes populaires (travailler c'est dur et stressant, ne pas travailler c'est angoissant et désocialisant) mais une gauche néanmoins progressiste et réaliste.
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