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Critique de foxinthesnow


Un essai dense, touffu, parfois difficile à lire, mais bien argumenté.
L'autrice expose sa thèse dès les premières lignes : le pouvoir étatique peut légitimer OU empêcher la défense des personnes. Pour celles et ceux qui sont considéré•e•s comme menaçant•e•s ou dangereux•euses, ne restent que des pratiques subalternes d'autodéfense.
Elle postule que l'État défend les individus DÉJÀ reconnus comme légitimes à se défendre. Pour cela elle étudie les archives des luttes des corps des dominé•e•s : comment s'organise l'autodéfense des esclaves, des juifs, des femmes...

Un exemple avec le port d'armes. Outil d'autodéfense, il est autorisé (armée, police, nobles...) ou interdit (les indigènes dans les colonies) de manière différenciée, et cela varie selon les époques et les groupes.

L'État délégue parfois son droit à la violence à des citoyens, qui développent une justice extra-légale : le vigilitantisme s'est par exemple développé aux USA avant la guerre de Sécession. Des citoyens se prennent pour des héros, organisent des lynchages populaires (jusqu'au XXè s.) dans une logique raciste et conservatrice.
D'autres citoyens sont sévèrement réprimés quand ils se font eux-mêmes justice, par exemple les mouvements antiségrégationnistes prônant l'autodéfense armée comme les Black panthers.

L'autodéfense de groupes opprimés bascule parfois dans la recherche d'une sécurité à tout prix : par exemple des justiciers trans et gays qui voulaient nettoyer San Francisco des homophobes, ont créé une norme masculine et blanche avec un sifflet pour alerter, stigmatisant ainsi les "queers of color".

Ainsi l'autrice déroule différents exemples historiques d'autodéfense, et dépeint toutes les nuances de ce mode de fonctionnement.

Les exemples de violences policières envers les afroaméricains ouvrent et clôturent cet ouvrage, afin de rappeler l'existence d'injustices épistémiques. L'État ne défend pas chaque citoyen de la même manière. Certains doivent trouver des modes de défense alternatifs, et l'autrice constate que l'autodéfense est parfois la seule pratique de résistance possible.
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