"Le cancer, lorsqu’il n’est pas trop grave, qu’il est bien pris en charge et que la malade a de la ressource, est un étonnant accélérateur de vie. Il nous débarrasse de ce qui était trop lourd à porter, nous force à accepter l’évidence, précipitant prises de conscience et renoncements."
J’apprends qu’avoir un cancer, c’est recevoir des remarques sans filtre concernant d’autres cas que le sien.
Le cancer est une guerre civile. J'ai changé d'avis, il s'agit bien d'une lutte, menée contre des cellules qui se sont mises à proliférer de manière anarchique. Mon corps en traitement est un champ de bataille. Je laisse faire l'armée de métier - l'artillerie lourde de la médecine- tout en refusant l'occupation. Je résiste sans violence mais avec conviction. Je suis attentive aux dissonances, je préviens de nouvelles insurrections. Le cancer éradiqué, la tentative de coup d'État évacuée, je cherche à rétablir la paix. Elle passe par un dialogue continuel entre mon corps et mon esprit.
Une saine curiosité a remplacé un scepticisme qui m'arrangeait bien : rejeter en bloc ce qu'on ne connait pas
e crois que je me suis habituée à ce sein en moins. Quand je suis nue, l’asymétrie ne me dérange pas, je la trouve en harmonie avec ce que je suis aujourd’hui.