Au cours des XVIème et XVIIème siècles, le portrait de l'enfant est bien souvent celui de l'adulte qu'il est appelé à devenir.
Édifié à la gloire des Habsbourg, l'Escorial conserve non seulement le panthéon dynastique mais aussi la mémoire des deux principaux monarques du Siècle d'or espagnol, Philippe ll et Philippe IV. L'un fut à l'origine de ce projet gigantesque et l'autre convia au décor Velázquez et ses contemporains.
Velázquez demeure l'un des maîtres absolus dans l'art du portrait. Portant un regard à la fois flegmatique et pénétrant sur ses modèles, qu'ils fussent membres de la famille royale, grands ou bouffons, il parvint comme aucun autre à animer les effigies les plus raides et à rendre perceptible la fugacité de la vie même.
On ne peut guère concevoir a priori de personnalités plus dissemblables que Rubens et Velázquez. L'un était aussi prolixe en matière d'inventions poétiques, d'allégories érudites que l'autre était prosaïque.
Dès ses débuts, Velázquez démontra qu'il possédait, à un degré supérieur, les qualités des grands portraitistes, à commencer par l'art de trouver un compromis optimal entre la représentation de l'homme extérieur, l'être social projeté, et l'être intime.
Multipliant les techniques au sein d’un même tableau, Velázquez stimule le regard en faisant varier les niveaux de netteté de l’acuité au flou. Maître des jeux de surface d’une infinie variété, il procède conjointement par addition de rehauts irréguliers formant des accidents qui happent la lumière et par soustraction en amincissant la couche picturale jusqu’à mettre à nu le grain de la toile.