Découvert avec émerveillement en France, puis dans le reste de l'Europe, dans la seconde moitié du XIXe siècle, Hokusai enthousiasme les artistes autant que les collectionneurs. On voit se diffuser très vite, dans tous les arts, les motifs de la Manga, tandis que les Trente-six vues du mont Fuji font sensiblement évoluer les codes et la pratique de la peinture.
Si Hosukai a écrit l'une des plus grandes pages de l'histoire de l'estampe, les peintures qui nous sont parvenues révèlent une liberté admirable qui culmine dans sa dernière période de création. A près de 80 ans, l'artiste s'adonne enfin pleinement à l'exercice du pinceau et livre l'une de ses plus émouvantes leçons.
L'oeil occidental met souvent en exergue les qualités graphiques extraordinaires des oeuvres de Hokusai. Si l'on ne peut, à proprement parler, séparer du reste de son art la pratique du dessin, une grande part de son fascinant génie se joue dans la capacité de saisir par le trait l'essence du vivant.
C'est par ses paysages que s'est illustré avec le plus d'éclat le génie d'Hokusai, laissant une empreinte décisive dans l'histoire de l'estampe. Sensible très tôt au regard des artistes occidentaux, toujours plus soucieux de saisir le principe des choses, l'artiste mêle la minutie à la maîtrise des effets et donne à ses illustres séries l'ampleur d'une méditation.
On ne peut guère saisir la complexité de l'oeuvre de Hokusai sans plonger dans le Japon de la fin d'Edo, sans chercher à comprendre l'esprit de l'époque et ds son art. Dans un pays de traditions en proie à un bouleversement social et économique sans précédent, l'effervescence de l'édition illustrée révèle la force et les enjeux d'une nouvelle culture populaire.