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Critique de Chocolatiine


Se doutait-il, le jeune Rodion Romanonovitch Raskolnikov, de la torture qui l'attendait après avoir perpétré son crime?
Le jeune homme, qui a abandonné depuis plusieurs mois ses études de droit, est criblé de dettes de loyer. Trop pauvre pour se vêtir correctement, il a dû de surcroît renoncer à donner les leçons qui représentaient sa seule rentrée d'argent. Seul dans sa minuscule et misérable chambre, il conçoit l'idée d'assassiner la vieille prêteuse sur gages, personne méchante et égoïste, qui exploite sans une once de pitié non seulement les pauvres gens qui recourent à ses services mais également sa soeur cadette. le plan est dressé, le jour arrêté, et le voici les mains couvertes de sang.
Seulement, loin de la froideur qu'il espérait, il s'embrouille, s'émeut, ne trouve pas la clé du tiroir à magot, vole quelques bijoux, commet des erreurs, s'enfuit... et termine accablé par la fièvre et le délire. Pendant quelques jours, alors que son seul ami veille sur lui tant bien que mal, il évoque chaînes, breloques, montres à travers la demi-conscience. Lorsqu'il se réveille enfin, il n'a de cesse de se comporter bizarrement, étrangement, il est irritable, irascible, s'emporte, se perd, on ne le reconnaît plus. Il ne se reconnaît plus. Sa soeur et sa mère débarquent à Saint-Pétersbourg, il ne peut souffrir leur présence, il insulte le fiancé de Dounia, fait don de la maigre somme qu'elles ont peiné à amasser.
L'étau se resserre autour de lui. Il se sent pris au piège. Déjà, dans la rue, un homme qu'il ne connaît guère lui murmure : "Assassin !". Un autre inconnu s'introduit dans son logement. Et c'est ainsi que s'achève le premier tome.

Quelle lecture, mes amis, quelle lecture ! J'aimerais dire que j'en suis enchantée mais je serais alors bien loin de mes sentiments réels. Enchantée, certes non ! J'en suis oppressée, mal à l'aise, angoissée ; qu'adviendra-t-il de Rodia? Deviendra-t-il encore plus fou que ce qu'il semble là? Jusqu'où le mèneront les remords? Plus d'une fois déjà, je l'ai cru sur le point de se pendre ou de se jeter dans la Néva.
Ce roman, écrit en 1865 "sous la menace du bâton, c'est-à-dire par nécessité" et publié l'année suivante en feuilleton, alors que le maître Dostoïevski est lui-même en grande difficulté financière, ne saurait laisser personne indifférent. Quand il ne s'agit pas de Rodia et de son crime, c'est la terrible histoire de la famille Marméladov qui est bien près de nous arracher des larmes ! L'ex-fonctionnaire Sémione Zakharovitch boit le peu d'argent qui devrait servir à nourrir sa famille, qui passe ainsi de la pauvreté à la misère, peut-être comme l'auteur lui-même perdait au jeu les économies du foyer. Les descriptions de ce peuple miséreux, noyé dans les dettes et l'alcool, vous prennent aux tripes, il n'y a pas d'autre mot ; c'est terrible, c'est noir, c'est sordide mais, au point de vue littéraire, c'est une oeuvre d'art !

Challenge XIXème siècle 2021
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