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Critique de Eve-Yeshe


C'est très difficile de parler d'un tel roman car sa puissance perturbe le lecteur en profondeur.

Dostoïevski a choisi comme héros le prince Muichkine (ou Mychkine, ce « i » dur, presque nasalisé, n'existe pas dans notre alphabet) atteint d'épilepsie, maladie qu'il connaît bien car il en est atteint lui-même. Ce prince est considéré comme un idiot car la maladie l'a obligé à être soigné en Suisse. Il semblait en être guéri au retour.

Idiot au sens de naïf : le prince dit ce qu'il pense, sans enrober les choses derrière le langage civilisé et hypocrite qui sied en pareil cas. C'est un être d'une grande sensibilité, perdu dans cette société de petits nobliaux, généraux plus ou moins avines, ou autres croquants en tous genre. Tel un enfant, il parle sans les filtres qu'imposent l'éducation, la bienséance…

Dostoïevski nous livre une belle description de la société de l'époque, entre Saint-Pétersbourg, les maisons de campagne, l'importance du paraître, où chacun intrigue, pour berner l'autre, accéder à une meilleure situation, un meilleur mariage…

La psychologie des personnages a été bien étudiée, qu'il s'agisse du héros, des autres familles qui sont bien typées, parfois caricaturales, des généraux de l'époque, de la place des femmes dans la société, sans oublier la misère et la maladie, la religion…

L'auteur n'hésite pas à s'en prendre à la politique de l'époque (il a été lui-même emprisonné), les mouvements de contestation qui émergent. Il porte une réflexion sur l'amour : le prince ne sait pas qui il aime réellement : Nastassia ou Aglaé, et est-il amoureux d'ailleurs, dans le sens où on l'entend habituellement?

La notion du bien et du mal : le prince incarnant le bien, une figure presque christique en opposition avec Rogojine, le mal incarné intrigant, voulant à tout prix épouser Nastassia Philippovna comme un trophée de chasse.

L'écriture est très rythmée, l'intrigue centrée sur une période relativement courte, l'atmosphère particulière, la psychologie des personnages nécessite une vigilance particulière si l'on ne veut pas se perdre dans le récit.

Dostoïevski est un auteur exigeant, il faut vraiment s'immerger dans le roman qui compte près de mille pages, on ne peut se contenter de survoler, ou de lire seulement des extraits. Il a rédigé plusieurs moutures de « L'idiot », les a détruites et à la fin, il estimait n'avoir transcrit qu'un dixième de ce qu'il aurait voulu dire. le roman est publié en feuilleton en 1869.

Je l'ai beaucoup aimé et j'en suis sortie un peu sonnée ; j'ai lu deux autres livres avant de pouvoir rédiger ma critique, car j'avais trop de choses à dire, et d'ailleurs elle ne me satisfait toujours pas.

Challenge XIXe siècle
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