AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de anaway


anaway
16 décembre 2020
"Avec son petit air et son sens de devoir,
en ayant recouvert, l'idiot se tend à croire
en un monde que naguère a laissé entrevoir
comme regain, la misère. Les idiots, mis à part.
Et il se tient sincère, mais le monde est avare.
Où la bonté se terre ? Si ce n'est dans le noir.
Un cynisme, une chimère, une folie dérisoire."

Il n'est pas vice d'être pauvre, encore l'est-il moins que d'être idiot.

Dans cette vaste fresque du XIX siècle; c'est alors seulement que  la modernité fit un tant soit peu son apparition, Dostoïevski dépeint avec soin et succès une large société, dont le portrait austère, aux rangs qui varient, laisse émaner un semblant de charme. On découvre d'abord Muichkine, un épileptique qui peine  à s'acquitter du surnom d'idiot, du fait qu'il l'a bien été, ou du moins, a vécu sous ce sort. Or sa sagesse d'esprit passe à l'encontre des préjugés à son égard. Il est bien idiot, dirait-on, d'où vient alors que ses phrases plongent dans une réflexion humaine, profonde, si bien que même les mots s'enchevêtrent dans l'idéal de la pensée ? Pensée qui, par la candeur et la simplicité d'esprit de notre héros, tourne au ridicule. Toutefois, il n'en est pas moins qu'il est voué à de belles tirades, un manifestement net de sa bonté équivoque...
D'autres part se dérobent plus de personnages, Hypolyte, entre autres, a su captiver mon attention. Partagé entre souffrance, haine, et désespoir, ce jeune garçon, phtisique, bien que fort de caractère, est rongé par de profonds tourments...Il y a aussi Nastasie Philipovna, un être vaniteux, merveilleusement beau, assailli par l'indécision et, si l'on peut dire, la folie. Je ne pourrais citer davantage de personnages, ainsi, point besoin de révéler l'intrigue, quoique j'ai encore tant à dire sur le roman dont j'ai personnellement apprécié la lecture. Car lire cette oeuvre phare semble lourd, au tout début, et ce serait mentir que de dire que j'eus à le lire comme à l'habituel, car bien des phrases mènent à méditer. Pourtant, en le lisant, sous l'emprise d'une certaine commisération à l'égard même de quelques personnages, c'est avec peine que je me mettais à défiler les pages, sans pour autant m'abstenir à relire doublement, voire plus, certains passages, pour en comprendre la dérision et l'ironie. En lisant l'idiot, c'est un tout neuf vocabulaire que je pus acquérir et que, étant franche, je n'avais pas d'aussi développé auparavant. En lisant l'idiot, c'est des amis que je me suis faite, c'est une compassion que j'ai ressenti à l'âme souffrante, celle qui vit, qui se prélasse, puis meurt. En lisant l'idiot, sous tant soit peu d'aspects, on se fond dans une oeuvre troublante, où se tapisse l'opprobre, le mensonge, le crime, tous dissimulés dans une certaine "insurrection", qui n'a de but que de nous assoiffer davantage dans notre propre faim, de nous enseigner, car si la lecture de ce roman pourrait paraitre à certains "inaccessible" , sachez qu'au déplaisir d'entrer dans ce monde, on en devient que moins idiot en y sortant.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}