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Critique de ATOS


Jamais en demi teinte ! « « Le russe est sceptique et moqueur » disent de nous les Français et c'est vrai. ». Sceptique ? Moqueur ? Drôle, perspicace et plein d'esprit. Un russe à Paris. Un slave plus exactement. Alors quel est ce Paris que découvre Dostoïevski en 1863 ? Ce qui le frappe avant tout c'est cette caste étrange que l'on nomme les bourgeois. le 10 décembre 1848 Louis-Napoléon Bonaparte devient le premier président de la République française, élu au suffrage universel masculin. le 2 décembre 1852, il est proclamé empereur des Français sous le nom de Napoléon III. le décor est planté. La France entre dans l'aire industrielle à marche forcée.
Police et clergé seront les gardes chiourmes de cette grande entreprise. Haussmann transforme le visage de Paris, l'empire colonial est renforcé, la France rayonne. Mais ce que découvre avec étonnement Fiodor Dostoïevski , c'est un ordre qui sous couvert d'une doctrine libérale ce « contracte », se «  rétrécie ». Tout est calme à Paris en cette année 1863. Paris s'amuse, Paris prospère, et le bourgeois s'enrichit.L'ordre règne. «  Paris se contracte, se rapetisse avec plaisir, se resserre avec attendrissement », «  le fait écrase, la masse s'engourdit » Où est le peuple ? Où est la misère , où sont les taudis ?
Et c'est peut être bien cela qui fait se « contracter » le bourgeois parisien. Car il est bête mais pas idiot. Il est content....il est heureux...il a le droit, la morale et la vertu de son côté. Il sait le décor de carton pâte, il sait l'hypocrisie, ils sait l'injustice, il sait le renforcement des privilèges, il sait ses droits et veut ignorer son devoir. Et l'auteur décrit cette étrange créature, qu'est le bourgeois parisien avec un humour mordant, clairvoyant. On rit alors à ses côtés. Car si l'époque est différente le visage reste le même. La vacuité de l'éloquence, l'auto satisfaction, l'arrogance, sont à tous les étages des immeubles bourgeois. La conception même des immeubles haussmanniens ne sont ils pas l'évidente traduction de cette société qui classent ouvertement ses âmes ? On rêve de descendre un étage pour s'élever sur l'échelle sociale... On a des grands hommes, de grands noms, on les récite, on les clame, mais qui les ai lu ? Qui comprend ce que tous ces noms recèlent vraiment ?
Le bourgeois parle beaucoup, sur tout, n'importe comment et de n'importe quoi. Il a son avis et son avis c'est celui d'une Nation qui n'ose plus dire son nom : un empire. L'empire industriel et colonial international qui n'aura de cesse de plonger ses peuples dans des guerres effroyables au nom soit disant des Patries, alors qu'il ne s'agira que d' emplir les caisses de cet empire.
«  pourvu que je ramasse au plus vite, du moins, un peu et après moi le déluge... »
L'ordre règne, ne troublons cet équilibre avec les choses qui fâcheraient : corruption, félonie, servilité, censure, espionnage...à tous les étages. le bourgeois est consensuel, fraternel, libéral, égalitaire oui ! Avec lui même. Tout ce qui brille demain il en fera de l'or. La morale ?on la dicte, on la prescrit, et même on la modifie à grands coups de pelle et de pioches et de matraques et on ramasse et on entasse le cuivre, le fer et le charbon. le peuple lui ira avec sa gamelle et son bidon se faire trouer la peau pour que vive cet empire.
Paris est un vaudeville à ciel couvert, il deviendra un mélodrame. La suite ? Un drame ? Une tragédie ?
Évidement Fiodor Dostoïevski nous livre ici dans la traduction de ces quatre chapitres de son ouvrage « Remarques écrites en hiver sur des impressions d'été », que représente ce livre une critique drôle et flamboyante. Sceptique ? Moqueur ? Oui, et pour notre plus grand bonheur : avec un talent fou.

Traduit du russe par N.Guterman

Astrid Shriqui Garain
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