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Critique de Frederic524


« Les Nuits blanches« est le douzième récits deDostoïevski écrit en 1848. C'est une nouvelle de 86 pages, et un texte d'une rare intensité. La couverture de ce livre édité aux éditions Babel représente « La fille du Boyard« , un tableau de Ivanovitch Sourikov. Ce roman se déroule sur quatre nuits, le long hiver s'achève, nous sommes à Saint-Pétersbourg en mai et c'est le tout début des fameuses « nuits blanches » durant lesquelles le soleil ne s'absente que deux heures par jour… Un jeune homme totalement solitaire, sans amis, ni relations, se sent abandonné de tous. Il habite depuis huit ans Saint Pétersbourg et il assiste tous les ans au même manège, le départs des habitants les plus aisés vers leurs maisons de campagne. Il est prit de frayeur à l'idée de rester seul et il décide d'errer dans la ville, « sans rien comprendre à ce qui m'arrivait » dit-il.
–Nuit Première
« Ma nuit fût plus belle que le jour » voici comment Dostoïevski fait débuter le récit des quatre nuits passées par son narrateur. Alors qu'il rentrait de ville très tard et qu'il approchait de chez lui en longeant le quai d'un canal, il aperçoit une jeune fille qui semble pleurer un amour qu'elle croit perdu… Il l'a sauve d'un homme malvenu et c'est ainsi que débute la rencontre entre ses deux âmes en peine. Lorsqu'elle lui demande pourquoi sa main tremble il lui répond « Je suis timide avec les femmes« . Durant ses quatre nuits, ils vont se confier l'un à l'autre. Il lui dit : »C'est comme un rêve, je n'avais jamais imaginé qu'un jour je pourrai parler à une femme. » « J'ai déjà vingt-six ans, et je n'ai jamais vu personne (…) Je ne fais que rêver, qu'un jour, peut-être, je finirai par rencontrer quelqu'un. (…) Amoureux de l'idéal, de celle que je vois dans mes rêves. (…) Je me meurs de solitude. » (…) « finalement tout ce que je demande, c'est (…) qu'elle ne me rejette pas au premier geste (…) et me dise deux mots rien que deux mots. » « Je suis un rêveur; j'ai si peu de vie réelle. » La jeune fille « Il y a une condition pour que vous reveniez : d'abord ne tombez pas amoureux de moi…c'est impossible je vous assure. »
-Nuit Deuxième



J'ai choisi de vous présenter quelques extraits qui m'ont particulièrement touché. Elle s'appelle Nastenka et lui c'est un rêveur, « le rêveur (…) n'est pas un être humain (…) il loge de préférence dans les coins les plus inaccessibles (…) une fois rentré chez lui, il s'incruste dans son coin, comme un Bernard-l'hermite… » « Maintenant, il est riche de sa vie propre. » Mais un royaume de rêveries qui bientôt s'effondre, « sans trace, sans bruit et sans fracas. » « La nuit est tombée dans sa chambre, son coeur est vide et triste (…) » puis « rêve nouveau, bonheur nouveau. » « Nous sommes si mécontents de notre destin, notre vie nous pèse tellement ! » Face à cette vie triste et sans âme, notre narrateur trouve refuge dans le rêve. « Il est lui-même l'artiste de sa vie, qu'il la crée lui-même, d'heure en heure selon ses nouvelles lubies. » « Et ce monde de conte, ce monde fantastique quand il se crée (…) comme si vraiment ce n'était pas un fantôme. » Il passe de longues nuits d'insomnie et lorsqu'il s'endort enfin s'est avec « une douleur si languissante, si douce au fond de l'âme ? » « Ces rêves sans chair. » « Depuis longtemps j'avais prononcé mon verdict sur moi-même. » « J'ai perdu en vain les meilleurs années de ma vie ! » Dans son avenir il ne voit que la solitude d'une vie renfermée . Ce sentiment que la vie lui est interdite. « Ils vivent pour de bon » ajoute t'il, « même les rêves doivent lutter pour survivre« . Il construit son présent en fonction « d'un passé qui ne reviendra plus. » Il erre tel une ombre, morne et triste dans les ruelles et les rues de Pétersbourg. Nastenka a 17 ans, elle raconte son histoire à son tour et son amour pour un jeune homme locataire chez elle un an auparavant, partit pour Moscou et qui aurait dû la revoir depuis trois jours…


-Nuit Troisième
Nastenka prononce une phrase cruelle sans en ressentir toutes les conséquences, sans le vouloir « Je vous aime parce que vous n'êtes pas tombé amoureux de moi. » Il ressentit à cet instant une tristesse terrible. Elle ajoutera « Je vous comparais tous les deux. Pourquoi n'est-il pas vous ? pourquoi n'est-il pas comme vous ? Il est moins bien que vous même si je l'aime plus que vous. »
-Nuit Quatrième
« Mon Dieu sur quoi tout cela s'est achevé ! » (…) « mes nuits s'achèvent ce matin« . Nastenka : « Oh mon Dieu ! si je pouvais aimer deux hommes en même temps ! oh, si vous étiez lui ! oh, s'il était vous ! » et Dostoïevski de conclure sur ses mots « Mon Dieu ! une pleine minute de béatitude ! n'est ce pas assez pour toute une vie d'homme ?…«
Ce livre n'a que les apparences du roman sentimental, en réalité c'est « un faux roman d'amour » d'une profonde tristesse. La noirceur vient de la souffrance du narrateur, de cet amour platonique, de cette obsession pour une jeune fille rencontrée dans la rue, de ce coup de foudre à sens unique en quelque sorte, les attentes de l'un n'étant pas celles de l'autre et inversement. Cet homme est un rêveur et sa confrontation à la réalité est brutale. L'histoire se penche sur son rapport à l'amour, en fait on peut presque dire qu'il tombe amoureux d'un rêve, d'une obsession…c'est aussi un ouvrage sur le rapport au temps, à la réalité. Un grand classique dont je vous conseille vivement la lecture ou la re-lecture tant ce roman de Dostoïevski est à mon sens actuel, dans le sens ou l'amour, ses variations, ce qu'il provoque comme bouleversements en nous, est tout simplement éternel.
Lien : https://thedude524.com/2008/..
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