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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Oserais-je l'avouer, il m'aura fallu 38 ans avant de lire mon premier Dostoïevski. Pas très courageuse, l'ampleur de son oeuvre m'a toujours effrayée. Et puis là, au (jeu de) hasard d'une brocante, j'ai parié quelques centimes sur ce « Joueur ». Sait-on jamais, me disais-je, il ne suffit parfois que d'une faible mise pour décrocher la timbale. Mystère (oui je sais, il faudrait dire « science ») des probabilités. Eh bien non, pas de « bingo » en l'occurrence, ce n'est pas grâce à ce court roman que je vais devenir « Dosto-aholic ». Pourtant en général j'apprécie les analyses psychologiques des personnages, mais cette fois je les ai trouvés excessifs, pour ne pas dire grotesques, et par conséquent pas attachants pour un sou. Et j'ai beaucoup de mal à comprendre comment une addiction peut dépouiller un être humain de tout libre-arbitre. Oui je sais, je suis trop raisonnable.
Toujours est-il que le récit se déroule à Roulettenbourg, ville d'eaux prussienne courue par la haute société de la vieille Europe. S'y trouvent un général russe et sa suite, parmi laquelle Alexis, précepteur des jeunes enfants de la famille, et narrateur de l'histoire. Le général, fauché comme les blés, tente de se refaire au casino, quand tout à coup surgit l'espoir de l'héritage d'une grand-mère richissime et agonisante. Supputation de pactole qui fait voleter les prétendants autour de Pauline, fille aînée du général, et de vulgaires « coureuses de dot » autour de celui-ci, veuf pour le plus grand bonheur potentiel de celles-là. Imaginez donc le désastre quand la grand-mère arrive, bien vivante, à Roulettenbourg, et se prend elle-même au jeu de la roulette. Voilà l'héritage en bien mauvaise posture. Pour ne rien arranger, Alexis, qui vit un compliqué « je-t'aime-moi-non-plus », épuisant et difficilement compréhensible pour le lecteur, avec Pauline, se voit chargé de surveiller, voire conseiller la grand-mère au casino, mais est à son tour atteint de la frénésie des tables de jeu.

Dostoïevski emmène tout ce petit monde (déjà sur la pente de la décadence) à sa perte, égratignant méchamment les seconds rôles français au passage. Il décrit les affres de l'addiction au jeu et à l'amour, qui embourbent les personnages dans des relations malsaines dès lors qu'inégales et/ou tissées par l'appât du gain.
Il paraît qu'Alexis serait le double littéraire de Dostoïevski, qui aurait largement puisé dans son passé de joueur invétéré pour écrire ce roman. Il paraît aussi que « Le joueur » aurait servi à son auteur à exorciser son démon du jeu. A en lire la préface de Michel Butor (édition du Livre de Poche de 1936), cela n'aura pas suffi. Mais cela n'aura pas empêché Dostoïevski d'écrire par la suite ses romans les plus célèbres...
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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