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Critique de TerrainsVagues


Passagers d'exil, combien de temps encore?
Impossible de dire que j'aime ce livre.
Je ne peux pas aimer ces désespérances qui hurlent, je ne peux pas apprécier ces textes comme si ce n'était que quelques poèmes jetés ici ou là comme quelques balises, quelques bouées, quelques témoignages, quelques appels de détresse.
Ces textes ce sont avant tout de la poésie, de la Grande poésie, de celle qui vient du plus profond de l'humain, de celle qui vient du dernier espoir avant que le vital ne redevienne poussière.
Poussières, celles des ruines, celles des bombes.
Des bris de rêves encore chauds mêlés aux poussières d'étoiles artificielles, semées par tous les vendeurs de larmes de la planète, viennent mourir au plus haut de la courbe d'un cil. Comme une dernière goutte de vie avant la sécheresse.
Poussières, celles de la terre. Cette terre qui ne nourrit plus, épuisée par les hommes, sèche comme leur conscience.
Débris d'enfances sur lesquels le temps n'aura pas eu le temps d'oeuvrer.
Guerres, famines, religion, pollution, économie, argent, banquiers parasites, égoïsme, pouvoir, ignorance, bêtise, que le meilleur gagne…
Je ne peux pas aimer ce livre, c'est bien plus fort que ça.
C'est un rappel toujours douloureux de la fragilité de la vie, cette vie qui ne tient à rien, cette vie dont les maîtres du monde se sont emparés. Ces enfoirés de barbus de tout poil, ces cravatés des places de marché, ces manipulateurs aux crocs acérés, ces assoiffés de toujours plus, ces exploiteurs de la misère, se sont octroyés le droit de vie et de mort sur leurs semblables.
C'est un livre que je ne peux pas aimer, je ne peux que le ressentir.
C'est un état des lieux de plus, malheureusement un peu plus nécessaire jour après jour.
C'est l'écho du rien qui vient se heurter au mur du superflu.
Passagers d'exil, comme des passagers clandestins de la vie.
Migrant, comme l'on met son avenir sous ses pas, comme l'on met son histoire dans un baluchon, comme on mendie un droit de vivre, comme si on entrait par effraction dans l'humanité.
Je ne peux pas aimer ce livre qui ne devrait pas avoir besoin d'exister, je le vénère.
Tous les cris qui s'ancrent dans les plis du papier, dans les replis de nos sociétés, me jettent à la gueule mon impuissance, ma passivité.
Un espoir tout de même.
Toutes les portes qui se ferment, tous les murs qui se dressent, tous les barbelés qui écorchent, toutes les frontières dessinées cèderont un jour quoi qu'il arrive. Le brin d'herbe arrivera toujours à bout de la dalle de béton. Il mettra le temps qu'il faudra mais la vie prendra toujours le dessus. Le fluide s'infiltrera toujours dans la fissure, pas une barrière pas un bouchon n'empêchera l'eau de couler.

Passagers d'exil c'est un recueil de poésie, l'essence même de ce qu'est la poésie. Une poésie qui rime à tout, qui rime à être libre. Liberté, égalité, fraternité, si ce n'est pas de la poésie que de vouloir y croire…
Nous sommes si fragiles…
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