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Critique de TJAC


TJAC
07 février 2016
Depuis que je les ai découvertes, j'ai toujours aimés les mathématiques. Dans mes études supérieures, j'ai découvert une sorte de fascination pour celles-ci et surtout pour les hommes qui en sont les explorateurs. Ces chercheurs, savants, génies, qui de part leurs capacités exceptionnelles, tracent les lignes, les chemins et les routes pour que l'Homme puisse avancer dans cette science que sont les Mathématiques.

Un livre tel que celui de Philippe Douroux ne pouvait donc que passer difficilement à coté de ma bibliothèque.

Avant de parler de l'oeuvre, parlons de l'objet. C'est un livre agréable à lire. Un papier épais, un fort grain, une mise en page aérée ... On prend en main le livre avec plaisir. Félicitation donc aux éditions Allary Editions.

Venons-en maintenant au contenu. L'auteur, Philippe Douroux, nous fait comprendre très vite qu'il n'a pas été possible d'échanger, d'interroger Alexandre Grothendieck. Je n'ose imaginer la frustration qu'il a du ressentir de ne pouvoir accéder à cet homme qu'il a pourtant "rencontré". Il est quelque part touchant de voir à quel point Philippe Douroux cherche à faire connaître cet homme méconnu pour ne pas dire inconnu.
C'est certainement pour cela que l'auteur arrive à nous transmettre la nécessité qu'il a ressenti de faire connaitre au communs des mortels qui était ce génie de notre temps, cet incompris, ce loufoque mathématicien.

Mais qui est Alexandre Grothendieck ? On dit de lui qu'il est considéré par ses pairs comme le dernier grand génie des mathématiques. Se recherches auraient permis le développement d'internet ...
On découvre dans cet ouvrage l'histoire d'un prodige en avance sur son temps ce qui le met à l'écart de ses semblables tout en le rendant légendaire pour les générations à venir. Alexandre et un mathématicien qui très tôt développe une méfiance envers le corps professoral. Il fait les frais d'un professeur peu compétent qui, parce qu'Alexandre résout un problème avec une démonstration autre que celle du livre (mais tout aussi juste), lui donne la note de zéro. Alexandre est un enfant qui a été séparé de ses parents tôt. C'est un mathématicien doué qui prend une route peux commune pour quelqu'un de son niveau, restant dans des universités ou écoles bien en deçà de ses capacités. Un mathématicien qui aura également la chance de trouver deux mentors, Laurent Schwartz (médaille Fields 1950) et Jean Dieudonné, qui sauront le mettre dans des conditions optimales pour qu'ils développent son talent.
On apprend de lui qu'en à peine deux semaines, Alexandre a su résoudre 7 problèmes laissés de coté par Laurent et Jean par manque de temps. Ces résolutions, aussi rapides qu'impressionnantes, faisaient, entre autre, appel à des notions nouvelles ... Laurent Schwartz dira entre autre au sujet du mémoire d'Alexandre Grothendieck : "Un chef-d'oeuvre de première grandeur, il fallait la lire, l'apprendre, la comprendre, car tout était difficile et profond. J'ai mis six mois à temps plein. Quel travail, mais quelle joie ! Les énoncés des théorèmes étaient kilométriques, car rien n'était épargné au lecteur. J'y appris quantité de choses nouvelles".

Alexandre sera à l'origine de millier de pages écrites, remplie de nouveautés, de notions nouvelles, de nouvelles façon de penser. A l'opposé des solitaire, Alexandre, dans son travail, a besoin d'un groupe autour de lui. En témoigne sa méthode de travail avec ses étudiants : Alexandre travail la nuit et rédige quantité de page noircies de mathématiques. le matin, il communiques ses écrits à ses élèves et passe une heure à les leur expliquer dans les grandes lignes. le but ? Que les étudiants rédiges et démontres les raccourcis effectués par le génie durant la nuit. Ils devaient faire le voile sur ce qui était évident pour le professeur, les "ça devrait passer" et autres intuitions sur lesquelles le génie n'avait pas le temps de s'attarder. A 14H, un élève rapportait le travail complémentaire qu'il revoyait ligne après ligne avec le professeur. Puis, lorsque l'élève repartait, le mathématicien noircissait de nouveau des pages à la nuit tombées. Et ainsi de suite. Cette collaboration prolifique donnera naissance à plus de 7 500 pages co-signées ...

Alexandre est un bourreau de travail. Tous ceux qui l'ont côtoyé en témoigne : il est d'une puissance de calcul inégalable. Jamais rassasié, il fera durant toute sa vie 14 à 15 heures de mathématique par jours.

Mais ce bourreau a ses démons. Peu conforme il se détache peu à peu du monde réel, des gens. Il refusera différents prix, deviendra écologiste radical, et finira par s'isoler, s'exiler dans un petit village de campagne. Voir un génie se renfermer, renoncer à l'essence même de son art, pour vivre reclus .. on se dit que ce n'est rien d'autre que du gâchis. Et pourtant, à bien y repenser, c'est un sentiment bien égoïste de notre part. Cet homme n'avait-il pas déjà donné assez aux autres par ses recherches durant toute sa vie ? N'a-t-il pas mérité sa "retraite" ?

Même isolé, il a cependant continué à travailler et à sa mort ce sont encore des milliers de pages qu'il laisse derrière lui et qu'il Nous faudra comprendre et absorber. On dit de ses derniers travaux récupérés à son décès qu'il faudra 50 années pour les comprendre et les assimiler ..

Tel était Alexandre Grothendieck, un homme unique, un mathématicien de génie.

J'ajouterai quelque mot sur le style de l'auteur que j'ai trouvé agréable. Je retiendrai entre autre l'habile jeu de mélange dans le récit entre figure mathématique et figure de style : "Avec des droites parallèles, on construit des voies ferrées mais pour voyager dans la Voie lactée, il faut d'autres outils". Je retiendrai aussi une forme de "tendresse" pour cet homme hors du commun. Une tendresse touchante qui donne envie d'en savoir plus. Enfin, j'ai apprécié l'effort fait pour rendre abordable les grandes notions des travaux d'Alexandre Grothendieck. Notion qui pourtant ne doivent être comprises que par une poignées d'Hommes sur la planète ...

Je terminerai en remerciant Babelio et les éditions Allary Editions pour m'avoir permis de passer un très agréablement moment de lecture avec ce livre de Philippe Douroux.


NB : Je n'arrive pas à lui donner une note .. Mais elle est pourtant bien de 3/5
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