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Critique de LeScribouillard


[Critique extraite de l'article "TUGPÉUA #33"]

George Edward Challenger est un vieux connard. Scientifique reclus, misanthrope et machiste, grossier et plus habitué à assommer ses confrères qu'à les contredire, il tient moins du savant fou que du gorille en rut.
Seulement, comme le stipule la première loi de Clarke, « Quand un savant reconnu mais vieillissant estime que quelque chose est possible, il a presque certainement raison ». Et Challenger est persuadé qu'il existe un endroit de l'Amazonie où les dinosaures ont survécu. Sans plus attendre, il part en expédition avec un jeune journaliste benêt et une bande de scientifiques au langage truculent. L'univers qu'ils découvrent est baroque, riche en surprises, et très crédible scientifiquement pour l'époque.
Le monde perdu est un pionnier de la SF « à dinosaures », tout comme dans une moindre mesure Voyage au centre de la terre avant lui. Ici cependant, les explications scientifiques laissent plus souvent place à l'humour, ce qui le rend plus facile à lire… Et encore heureux. Car le monde perdu, c'est aussi un festival de clichés racistes, où les femmes n'existent pour ainsi dire pas non plus. Les non-blancs de l'équipe sont de simples guides et serviteurs, ou bien humbles et serviables, ou bien fourbes et mauvais comme la gale. Pas la moindre amitié ne se crée pour ces chairs à canon bien pratiques, juste un peu de condescendance affectueuse pour le noir Zambo.
On pourrait excuser le roman, se dire que c'est l'époque qui veut ça. Mais plus le récit avance, et plus de manière générale le rapport à l'altérité devient problématique : on découvre des hommes préhistoriques stupides et barbares, qu'on se fait une joie de karchériser à l'artillerie lourde, et les dinosaures sont systématiquement pointés du doigt comme démoniaques et monstrueux. En naïf adulescent efféminé du lointain XXIe siècle, je m'interroge sérieusement : Comment a-t-on pu aimer ce genre d'histoires ? Si le monde extra-occidental leur paraissait si horrible, pourquoi donc le rêver ? le but du voyage n'est-il pas justement de s'ouvrir au monde, de s'émerveiller devant la différence ?
Le monde perdu est le produit d'une Angleterre impérialiste et coloniale, une époque que l'on espère pour toujours révolue (encore que, quand on voit certains partis…). Les uns parviendront à le lire pour l'intérêt historique. Les autres lui préféreront le déjà beaucoup moins problématique Rosny aîné pour enrichir leur culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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