Il y a des enfants parmi les Fossoyeurs, mais peu d'enfance.
[...] Personne ne se porte vraiment volontaire pour vivre dans un cachot souterrain et humide, à se battre pour sauver sa peau contre une invasion toujours plus importante de cadavres réanimés. Non, aucun des gamins du Refuge n'avait fait le choix d'être là, aucun n'avait envie d'y être. Nous étions tous des Clairvoyants, nous avions eu la chance d'échapper aux Macchabs et d'avoir été trouvés par les Fossoyeurs plutôt que par les Cadavres.
Si nous retournions chez nous, les Macchabs nous y attraperaient et, à cause de ce que nous sommes capables de voir, ils nous tueraient, ainsi, sans doute, que tous les membres de notre famille.
Donc, si nous restions là et nous battions, c'est parce qu'on n'avait pas le choix...
Un autre proverbe malum : « Le pire des imbéciles est celui qui se croit brillant ».
Si l'obéissance aveugle était une faiblesse, c'était néanmoins quelque chose dont elle pouvait tirer avantage.
- Comment tu le sais ? demandai-je, perplexe.
Dave répondit à ma question de quelque part derrière elle, son ton trahissant une certaine impatience :
- Parce qu'elle fait plus confiance à tes intuitions qu'aux certitudes de la plupart des gens. Et si vous pouviez arrêter votre cinéma une bonne fois pour toutes, ça me ferait des vacances !
Des Macchabs (avec un M majuscule), c'est comme ça que nous les appelons. Pas des zombies, hein ? Les zombies, ce sont ces demeurés qui passent leur temps à beugler en titubant et qui sont aussi rapides que des tortues blessées. Les Macchabs, en revanche, sont vifs, intelligents et organisés. Pour tout le monde, ce sont des gens comme les autres, sauf pour les adolescents – enfin certains ados – qui les voient tels qu'ils sont vraiment. J'ai la « chance » – vous avez remarqué les guillemets ? – de faire partie de ceux-là...
La Reine saisit les papiers, qu'elle entreprit de feuilleter. Plus tard, quand elle serait seule, elle lirait le tout à plusieurs reprises. Il était important de bien se familiariser avec son Enveloppe Charnelle, de faire corps avec son personnage, pour ainsi dire. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas supervisé une colonisation planétaire, mais il était inimaginable d'ignorer la règle immémoriale : une Enveloppe Charnelle réussie est affaire de bluff autant que d'illusion.
Pierce tremblait littéralement de peur. Était-ce vraiment le même type qui avait menacé Helen, un sourire aux lèvres ? Les tortionnaires – et que sont les Macchabs, sinon des tortionnaires – tombent donc de si haut quand ils tombent ?
Susan trouva cette question étrange. Après tout, si on avait retrouvé Will, il serait là aujourd'hui, non ? Mais elle avait eu l'occasion de constater que les gens ont tendance à faire des remarques maladroites, voire carrément stupides, lorsqu'ils sont confrontés à la tragédie de quelqu'un d'autre. (…) C'était très humain d'avoir la langue qui fourche quand on veut réconforter une personne à qui il est impossible d'apporter le moindre réconfort. C'était parfois usant, mais Susan pouvait pardonner ce genre de chose.
« Parfois, réclamer justice en pleurant n'est qu'une façon déguisée de se plaindre ».