Toutankhamon : Le Livre des ombres

- Les hommes redoutent l'inconnu. Peut-être éprouvent-ils le besoin de lui donner un nom car ainsi ils peuvent le ranger sous leur pouvoir. Mais les mots ne sont pas ce qu'ils semblent être, répondis-je.
- Que veux-tu dire ?
- Je veux dire qu'ils sont trompeurs. Les mots peuvent changer de sens en un instant.
- Ce n'est pas ce que les prêtres nous enseignent. Ils disent que les mots sacrés sont les pouvoirs les plus puissants du monde. Ils sont le langage secret de la création. Le dieu parle et le monde se met à exister. N'en est-il pas ainsi ?
Il me regardait fixement comme pour me mettre au défi de le contredire.
- Et si les mots étaient l’œuvre des hommes et non des dieux ? Pendant un instant il parut décontenancé, puis il sourit.
- Tu es un homme étrange, et plutôt singulier pour un officier Medjay. On pourrait croire que tu soupçonnes les dieux eux-même d'être une invention humaine.
J'hésitai à répondre et il s'en aperçut.
- Fais attention, Rahotep, de telles pensées sont des blasphèmes.

- Il s'intéresse plus à ces jouets qu'à toutes les richesses du monde, dit-elle doucement, d'une voix plutôt découragée.
- Peut-être y a-t-il une bonne raison à cela.
- Il y en a une et je la comprends. Ce sont les trésors de son enfance perdue. Mais il est temps de ranger toutes ces choses.
L'enjeu est trop important.
- Notre enfance demeure peut-être ensevelie en chacun d'entre nous, et c'est elle qui dessine le schéma de notre avenir, suggérai-je.