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Critique de SophieLesBasBleus


Dès l'incipit, le ton du roman est donné : l'enterrement de la duchesse Natalie de Sorrente est ironiquement observé par le chef de protocole des Pompes funèbres. Cette distance se maintient tout au long du retour en arrière qui raconte les cinq années qui ont précédé.
1940-1945 - Les années de guerre n'ont pas le même poids selon le monde auquel on appartient. A Cannes comme à Paris, la duchesse de Sorrente évolue parmi une société privilégiée et ne connaît de la guerre que l'inconfort qu'elle génère. Réunions mondaines, choix des toilettes, amants de passage, ennui... le temps de la guerre ne change guère son quotidien. Natalie promène sa beauté et son insouciance dans e cercle de la haute-bourgeoisie. Une grossesse adultérine, la mort d'une mère, l'exode, la guerre, les fêtes... ce ne sont que des choses qui arrivent. Tout paraît être sur le même plan, laminé par les codes sociaux, dans ce monde où l'apparence et le savoir-vivre dominent et gouvernent les relations et la vie. Mais lorsque Natalie apprend qu'elle est la bâtarde d'un juif, ce monde de masques est sur le point de voler en éclats.
Dépendante de la morphine, progressivement attirée par la frange de son monde, elle découvre un ssentiment de solidarité mais aussi de culpabilité vis-à-vis des juifs persécutés.
L'ironie décapante de l'écriture arrache les masques et révèle ce que cache la bienséance et la certitude d'être "bien né". Ce choix d'écriture instaure une distance et empêche l'identification complète au personnage. Ce "jeu" entre compassion et indifférence est une sorte de mise en abymes des états d'âme successifs de Natalie, mais aussi de la distance instaurée entre privé et public, vie et art, réalité et littérature. Comme le lecteur "joue" à s'identifier sans risques, Natalie "joue" à être quelqu'un d'autre. Un jeu qui peut s'avérer dangereux.
Au-delà des pistes interprétatives qu'elle ouvre sur la place de la littérature, Pauline Dreyfus engage une réflexion sur la question de la judéité quis'inscrit naturellement sans l'intrigue, sans jamais l'alourdir.
J'ai beaucoup apprécié de roman et ses richesses, mais il m'a fallu dépasser le vide apparent des personnages et la description d'une société qui me semblait trop étrangère et éloignée pour que je m'y attache.
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