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Critique de pilyen



Véronique était sans doute la plus patiente des caissières de l'Intermarché de Thomery ( village pas si riant que ça de la grande banlieue parisienne). L'heure de la retraite a sonné et elle profite du cadeau de départ de son entreprise, à savoir une semaine dans un club de vacances à Sousse en Tunisie, sans Bernard son mari, resté à la maison avec ses chiens. C'est sans doute la première fois qu'ils sont séparés aussi longtemps depuis plusieurs décennies de mariage. Mais ils ne se reverront plus, Véronique périra sous les balles d'un attentat terroriste. Une mort gratuite, révoltante, que son mari d'abord anéanti, décidera de venger en se rendant en Syrie.
Retour au romanesque pour Arthur Dreyfus où, comme dans ses récits précédents la mort tient une grande place. Alors, je vois déjà des sourcils se froncer, l'envie de fuir peut être vous gagner, car vous en avez soupé des attentats, de la Syrie. Vous voulez du divertissement, oublier un peu ce quotidien bien sombre. Pourtant si vous snobez ce roman, vous passerez sûrement à côté de ce qui fait la force de la vraie littérature surtout quand elle est écrite par quelqu'un de brillant. En s'emparant d'un sujet d'actualité brûlant, sur lequel on entend tout et n'importe quoi, le romancier le ramène à sa dimension humaine la plus simple, le plus brute et donc la plus à même de toucher le lecteur. En focalisant son récit autour de deux anonymes, personnages assez lambdas, Bernard le mari plombier de Véronique et épisodiquement Seifeddine le futur terroriste, nous sommes plongés au plus près des pensées de ces deux hommes. Nous vivons avec eux ces événements, la perte d'une femme aimée et la lente radicalisation d'un brillant étudiant. Et sous la plume alerte et précise, bienveillante et frontale d'un romancier, jeune, parisien et intello mais capable de se glisser avec une stupéfiante aisance dans la peau d'un plombier sexagénaire, le récit devient aussi le véritable portrait d'une famille française moyenne, celle que la littérature snobe souvent. Il y a longtemps que je n'avais lu des pages aussi pertinentes, aussi sensibles, sur la vie de citoyens dans un petit pavillon où derrière la belle simplicité de la mise ou de la pensée, se cachent aussi des êtres qui aiment, s'aiment, se taisent, s'engueulent, se cherchent. En partant d'une intrigue très actuelle, le roman déploie toute une myriade de détails qui donne au récit une densité incroyable, oeuvre d'un très sensible observateur tout autant que d'un fabuleux styliste à l'écriture déliée et rapide, mise en valeur par la construction très particulière de son roman qui contient autour d'une petite quarantaine de phrases sur 250 pages. Et là, je revois les sourcils qui se froncent, les " pfff, quand est-ce qu'ils vont faire court les auteurs ! " . Pas de panique, à la lecture, on ne s'aperçoit nullement que certaines phrases courent sur 5 ou 6 pages, tellement le verbe est facile et prenant...
La fin sur le blog
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