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Critique de Capu_books


Druon nous livre le récit des dieux, des héros et du monde mythologie grecque, avec sa plume d'académicien. J'avais adoré les Rois Maudits, et j'avais très hâte de pouvoir lire celui-ci, fan comme je suis de mythologie d'autant plus. Néanmoins, je suis sortie de cette lecture déçue...

Au niveau de l'histoire, je pense que c'est un livre très intéressant quand nous avons une base de la mythologie, car nous pouvons percevoir les différences, les modifications et façons de raconter. Ici, le choix de récit de Druon m'a parfois laissé perplexe ... Par exemple, des soucis chronologiques de mythe, plaçant la Gigantomachie avant la naissance d'Hercule par exemple. Néanmoins, il apporte aussi des éléments que l'on voit peut souvent les récits mythologiques et qu'il a su bien s'approprier et mettre en avant, comme le nombre de la vie, associer les dieux à l'Atlantide, faire de Triptoleme le quatrième juge des Enfers, une idée selon Platon... Cela apporte un nouveau regard et de la nouveauté, car il ne faut pas oublier que la mythologie est faite de versions multiples.

Néanmoins, plus qu'une volonté de réécrire la mythologie, l'auteur laisse beaucoup de place à des réflexions, des thèmes évocateurs et des critiques. C'est d'ailleurs ce que j'ai trouvé le plus intéressant au sein de l'oeuvre. Par exemple, il critique la religion et considère qu'elle n'est qu'un prétexte égocentrique par l'homme de se sentir « divin » et de s'en sentir proche, de lui ressembler via l'acte de création. Au final, l'oeuvre est presque un essai de Druon sur nous, humains, à travers le regard divin de Zeus. Il nous rappelle que la mortalité est un cas, que sans cela, nous ne pourrions profiter de la vie aussi pleinement et qu'il faut déguster chaque chose. Par extension, il nous demande regarder avec plus de détails le monde et avoir conscience de toute la beauté et de l'exceptionnalité qui la constitue. Et il étend cette vision humanisante aux actes divins et exceptionnels, tels que les 12 travaux d'Hercule.

Ce dont j'ai eu le plus de mal, ce furent Zeus en lui-même et les autres personnages divins. Je suis partagée entre deux choses, l'une est que j'ai trouvé décevant d'autant adoucir Zeus qui est un des personnages les plus cruels de la mythologie. D'un autre côté, cela semble normal étant donné que c'est lui-même qui raconte l'histoire, donc nous avons uniquement son point de vue à lui. Il est néanmoins intéressant de voir certaines dimensions de Zeus comme le fait de ne plus avoir de figure paternelle, ce qui fut parfois dur pour lui notamment par le fait de devoir être le responsable de tout sans appui, ou encore le poids de la couronne des rois, trop lourde pour lui. Zeus est au final très humain, il est aussi assailli par le doute, la méfiance envers autrui, la peur, le sentiment de vulnérabilité. Ce qui crée parfois une ambivalence quand on le lit. Cependant, j'ai été très souvent dérangé par ses remarques et ses visions sur l'inceste frère soeur, sur ses viols qu'il passe pour des amours consentis ou en expliquant que ce n'est pas sa faute puisque c'était voulu par la fille ou qu'elle était déjà folle. Il enjoint à roué des coups à sa femme pour lui faire perdre son « odieux caractère », et n'arrête pas de dire que ce que voulait Artémis, c'est être un « dieu », un homme et qu'elle le regrettait. Un Zeus misogyne, détestable qui se cherche donc des excuses en somme. Et ce personnage, qui est notre narrateur, a fortement influencé ma lecture et a laissé un arrière-goût d'aigreur ...

Au final, j'ai eu la sensation de lire des personnages trop lisses, avec une seule dimension. On peut reprocher cela néanmoins au caractère égocentrique de Zeus dont tout tourne autour de lui, ne s'intéressant pas à dresser un portrait plus ambivalent de ses collègues divins. le seul personnage que j'ai vraiment apprécié étant sans nul doute Hermès le plus mortel des dieux, car c'est lui qui nous relie à eux par sa fonction de messager. Il possède une polyvalence énorme, par sa quasi-omnipotence. de plus, il a un caractère à la fois sage et espiègle.

Globalement, on peut justifier le tout par la volonté de Druon de crédibiliser et passer le tout à travers le regard de Zeus. Ce qui est naturel et absolument crédible. Néanmoins, même en pensant cela, j'ai eu beaucoup de mal avec ma lecture...
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