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Critique de le_Bison


Un endroit où aller... une promesse dans cette collection d'Actes Sud. On dirait le Sud, avec ses odeurs, ses parfums, sa chaleur et sa moiteur. On dirait le Sud, le temps dure longtemps, Et la vie sûrement Plus d'un million d'années, Et toujours en été. On dirait le Sud et ses silences en ce début d'après-midi où seuls quelques vieux n'ont pas bougé de leur chaise en fer forgé sur la place centrale, comme momifiés par la sécheresse de l'air andalou. Un soleil hurle sur les plaines brûlées par tant de lumière. Lunettes de soleil, verres teintées de noir de jais, direction l'Andalousie, d'une côte à l'autre, d'un océan à une mer, de Gijon aux marais salants d'Isla Cristina, Santa Cristina et sa San Miguel, le vent me dévie vers Almeria. Refrains d'enfance.

En trois lieux, l'auteur me plonge dans ses souvenirs avec ses touches de nostalgie, ses brins de mélancolie et ses découvertes liées à l'adolescence. La Plaza del Sordo, le Lycée Noir, la Calle Noya. Des essences pour chacun de ces paysages, comme un subtil mélange de parfum d'orange et de fleurs de jasmin, l'amour est au détour d'une crique, la zarzuela mijote dans la cuisine de grand-mère qui ne veut surtout pas qu'on l'appelle abuela ni même abuelita.

Dans cette vie d'antan, il y a ce grand frère que l'on suit au début, que l'on veut imiter, et une certaine complicité. Et puis l'âge venant, de l'un puis de l'autre, les chemins se séparent, souvent à la première mobylette. Il ne peut plus le suivre, et l'indifférence prend en lieu et place de cet amour fraternel. L'âge aussi de la grand-mère qui un jour ne se réveilla plus. Les liens étaient pourtant fort, alors à défaut de comprendre ce départ, il imagine son ombre, comme un fantôme présent dans son salon. L'internat, le lycée, les années où il rêve d'une fille aux jambes caramélisées, la plus belle, du genre celle d'une vie, dans le silence d'une crique, dans le fracas du ressac de la mer. Il ramasse des galets, en souvenir de chaque rêve éveillé.

Un bout de désert au détour d'un coin de rue, la ville a cessé d'exister au-delà. le vent chaud soulève la poussière, des poussières de vie qui s'étalent à tout jamais dans le souvenir de ces plaines andalouses qu'il a vu si souvent en songe. Son Shazam à lui, le Concierto de Aranjuez, avec cette question sans réponses : Quelle version ? Une multitude s'offre à lui, Miles Davis, Paco de Lucia, Pepe Romero, Miloš Karadaglić... Cet après-midi, sous un soleil de plomb, les yeux fermés par la poussière, la gorge nouée par la poussière, il se décide pour un esprit plus jazzy, un coeur espagnol, Chick Corea...

https://youtu.be/mn2oS16ijgA
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