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EAN : 9782330079024
263 pages
Actes Sud (10/05/2017)
2.17/5   3 notes
Résumé :
Dans les années quatre-vingt-dix, un jeune garçon des faubourgs d’Almería entame la périlleuse période de transition entre l’enfance et l’âge adulte. Confronté au deuil et au drame d’une fraternité impossible, il entre dans un univers fantastique, fait d’onirisme et de créatures inquiétantes, qui est aussi un chemin vers la littérature.

Ne dit-on pas que le Sud de l’Espagne porte un coeur battant incrusté dans sa terre ? Je le sens là, au-dessous de m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un endroit où aller... une promesse dans cette collection d'Actes Sud. On dirait le Sud, avec ses odeurs, ses parfums, sa chaleur et sa moiteur. On dirait le Sud, le temps dure longtemps, Et la vie sûrement Plus d'un million d'années, Et toujours en été. On dirait le Sud et ses silences en ce début d'après-midi où seuls quelques vieux n'ont pas bougé de leur chaise en fer forgé sur la place centrale, comme momifiés par la sécheresse de l'air andalou. Un soleil hurle sur les plaines brûlées par tant de lumière. Lunettes de soleil, verres teintées de noir de jais, direction l'Andalousie, d'une côte à l'autre, d'un océan à une mer, de Gijon aux marais salants d'Isla Cristina, Santa Cristina et sa San Miguel, le vent me dévie vers Almeria. Refrains d'enfance.

En trois lieux, l'auteur me plonge dans ses souvenirs avec ses touches de nostalgie, ses brins de mélancolie et ses découvertes liées à l'adolescence. La Plaza del Sordo, le Lycée Noir, la Calle Noya. Des essences pour chacun de ces paysages, comme un subtil mélange de parfum d'orange et de fleurs de jasmin, l'amour est au détour d'une crique, la zarzuela mijote dans la cuisine de grand-mère qui ne veut surtout pas qu'on l'appelle abuela ni même abuelita.

Dans cette vie d'antan, il y a ce grand frère que l'on suit au début, que l'on veut imiter, et une certaine complicité. Et puis l'âge venant, de l'un puis de l'autre, les chemins se séparent, souvent à la première mobylette. Il ne peut plus le suivre, et l'indifférence prend en lieu et place de cet amour fraternel. L'âge aussi de la grand-mère qui un jour ne se réveilla plus. Les liens étaient pourtant fort, alors à défaut de comprendre ce départ, il imagine son ombre, comme un fantôme présent dans son salon. L'internat, le lycée, les années où il rêve d'une fille aux jambes caramélisées, la plus belle, du genre celle d'une vie, dans le silence d'une crique, dans le fracas du ressac de la mer. Il ramasse des galets, en souvenir de chaque rêve éveillé.

Un bout de désert au détour d'un coin de rue, la ville a cessé d'exister au-delà. le vent chaud soulève la poussière, des poussières de vie qui s'étalent à tout jamais dans le souvenir de ces plaines andalouses qu'il a vu si souvent en songe. Son Shazam à lui, le Concierto de Aranjuez, avec cette question sans réponses : Quelle version ? Une multitude s'offre à lui, Miles Davis, Paco de Lucia, Pepe Romero, Miloš Karadaglić... Cet après-midi, sous un soleil de plomb, les yeux fermés par la poussière, la gorge nouée par la poussière, il se décide pour un esprit plus jazzy, un coeur espagnol, Chick Corea...

https://youtu.be/mn2oS16ijgA
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le soir, je pensais à ce qui se trouvait de doux et de renflé sous le chandail de Sandra. C'était un défilé de sensations muettes : l'arrondi, le pâle, le tremblant, le pincé, le soyeux, l'éléphantesque, le pulpeux, le lisse parfait. Je l'imaginais qui respirait en soulevant sa poitrine ou roucoulait une phrase doucereuse dans mon oreille. Je vissais sur sa jambe le pied nu de Beatriz. J'osais même lui greffer pendant quelques minutes la fesse douce de Bettina. Je lui fabriquais un ventre souple et des hanches grasses avec les souvenirs d'une virée sur la Playa de la Dona de Mazarron qui remontait à la dernière fête de Ferragosto. Il m'était facile dès lors de déplacer ma langue de ses lèvres vers ses cuisses et son pubis. Il existait une surface continue et bien organisée sur laquelle mon imagination pouvait glisser sans risquer de se perdre. Je substituais aux profondeurs de sa bouche, que j'avais consciencieusement inspectées, celles de son vagin que je me représentais, sur cette carte mentale, comme un étroit tunnel de sang.
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le temps de procéder à quelques manipulations mystérieuses, agitant ses moulins à condiments au-dessus d'un grand plat en céramique, Mme Issambra venait poser sur la table une zarzuela encore fumante. A droite on trouvait des olives noires arrosées d'huile, à gauche une large marmite de blé doré et, tout à l'extrémité de la nappe, ce gâteau praliné qui n'existait nulle part ailleurs, dans aucune pâtisserie de la ville, sorte d'antiquité gourmande, couverte de crème d'amande et d'un mince filet de sucre noir, dont le nom m'échappe obstinément depuis que je ne vis plus en Espagne.
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