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Critique de Aquilon62


Prêts pour une grande respiration maritime ?
Alors ouvrez le nouvel ouvrage de Diane Ducret qui avec ce nouveau roman sous forme de conte initiatique nous transporte de l'extrême orient à l'occident.
Nous allons suivre les pas d'un orphelin, à qui sa jeunesse n'aura rien épargné. Son destin devenir devenir un sage taoïste. Son arrivée au monastère ne sera si simple, le sommeil se refusant à lui, se retrouvant à faire seul tant de choix qui détermineraient sa vie.
Devant renoncer au monde, intégrer une confrérie, vivre selon sa loi. Il n'avait pas d'échappatoire. Il aurait préféré "faire face à un monstre à huit têtes plutôt qu'à cette immense responsabilité."
Mais sa volonté c'est de voir la mer, l'océan. Il sent qu'une partie de lui l'appelle, et qu'il ne sera qu'un être incomplet si il ne va pas à sa rencontre.

Son Maître le laisse partir à cinq conditions ne pas détruire la vie, ne pas ingérer de viande ni d'alcool, ne pas parler contre sa pensée, ne pas voler, ne pas céder aux tentations de la luxure.
Ironie du sort c'est dans les cales d'un cargo qui transporte des groseilles de Chine (kiwis), qui lui rappellent tant, que voyage notre orphelin. de Shanghai à Suez, et de Marseille au Mont Saint-Michel, d'un monastère à l'autre.
Les lieux qui servent de lien entre la pensée chrétienne et la pensée asiatique tels l'averse et le revers d'une médaille, ou tel le yin et du yang.

Les lieux qui servent aussi au questionnement : "Que sommes-nous face au tumulte formidable et grandiose des éléments, qui obéissent à des lois universelles qui nous dépassent ? Nous sommes mus par tant de causes extérieures, nos émotions, nos passions, les accidents, que, pareils aux vagues de la mer mues par des vents contraires, nous sommes ballottés, ignorant ce que sera notre destin. Pour nos esprits inquiets avides de rassurantes vérités, là où nous espérons trouver un lac tranquille à souhait et, après une traversée heureuse et sûre, parvenir au port de la félicité, nous nous retrouvons flottant au hasard sur la mer houleuse des insatisfactions, entourés de toutes parts des orages de la peur, ballottés et submergés par les vagues du doute."

Les lieux qui servent également à la quête et à la révélation : "le vert se mêlait au brun, donnant aux vagues la couleur du bronze. On devinait encore les stigmates de la tempête, mais un courant bleu les traversait. On ne savait encore, du brun impétueux ou du bleu apaisé, lequel des deux triompherait. Un reflet vert apparut, soudain j'étais inquiet. Sitôt que le brun reprenait le dessus, je devenais ombrageux. Chacune de ces couleurs éveillait en moi une émotion que je tentais de dompter. C'était comme si tout ce que je ressentais, tout ce que j'avais vu ou pensé, l'océan le savait."

Les lieux où se révèlent les fragilités et nous renvoient à notre monde actuel, le Moine s'adressant à notre orphelin, pour l'un des plus beaux passages du livre : " Combien de générations après nous pourront encore voir et penser quelque chose, sur Terre, sans bornes perceptibles ? Sans clôture, sans orientation ? le seul endroit encore insondé, que les hommes n'ont pas délimité, enfermé, mesuré et possédé est l'océan. Lui seul leur donne le sentiment d'infini et d'éternité nécessaire à la foi. Dès lors que ce dernier bastion sera tombé, qu'ils sauront mesurer et connaître la mer, comme la Terre ou l'espace, ils n'y verront plus aucune magie. La foi nous pousse à croire en ce que l'on ne voit pas, ce que ni nos sens ni notre esprit ne peuvent embrasser et contenir. C'est garder en soi la possibilité d'un océan infini. C'est normal d'avoir peur face à lui, de trembler face à ce qui nous dépasse, tu en as fait toi-même l'expérience. Bientôt ils couperont la tête de tout ce qui les dépasse, ils tailleront tout ce qui est grand pour le rendre à hauteur d'homme. Que restera t il d'eux quand ils n'auront plus rien d'immense vers quoi se tourner ? Que restera t il de l'homme s'il ne connaît plus la grâce ? le quantifiable remplacera le merveilleux, alors ce sera la fin."

C'est une nouvelle fois de plus un roman très personnel où la foi, le manque et la quête de soi sont essentiels, que nous livre cette excellente auteure, un roman merveilleux, et grâce à des livres comme ceux là nous sommes loin de la fin....
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