C'était en avril dernier au Festival du livre à Paris. Ma rencontre avec
Diane Ducret me procure toujours une énorme émotion.
Le dernier livre de cette auteure ; «
le maitre de l'Océan », est très différent de ce qu'elle a écrit jusqu'à maintenant.
Nous sommes très loin de son roman fantaisiste et plein d'humour ; «
L'homme idéal existe : il est québécois ».
Très loin des livres plus intimes comme «
Corpus Equi » ou «
La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose ». Très loin du roman historique comme «
Les Indésirables ». Très loin aussi des essais et documentaires d'histoire sur des femmes aussi cruelles que leurs maris ou amants-tyrans, comme dans «
Femmes de Dictateur », ou les femmes de gangsters comme dans «
Lady Scarface »
Nous sommes très loin aussi de son roman d'anticipation «
La Dictatrice ».
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Avec «
le maitre de l'Océan », c'est une autre Diane que je découvre, ou à moins que l'auteure fût toujours ainsi et que la «
Diane D avant » n'était qu'une carapace ou un nom d'emprunt.
Ce roman est plein de délicatesse, de douceur, de sagesse, de poésie et de réflexions philosophiques.
C'est l'histoire d'un jeune orphelin illettré, qui voudrait suivre l'enseignement d'un maitre taoïste.
Le jeune homme est à la recherche d'un réconfort, d'une sérénité, suite à un événement émotionnel que fut le décès de Yunhe, sa mère.
Est-ce un parcours initiatique ? Pour découvrir son propre Soi, pour apprendre ce qu'est la douleur, le doute, la confusion, mais aussi apprendre la résilience. Pour découvrir que nous avons tous au profond de chacun de nous, cette capacité à nous construire ou nous reconstruire par nous-mêmes.
Est-ce un conte philosophique ? Qui enseigne l'humilité et qui donne la capacité à écouter le monde qui nous entoure, pour pouvoir justement le comprendre, comprendre sa bienveillance et comprendre qu'il est une partie de nous et que nous sommes aussi une partie de lui.
Est-ce une quête vers une guérison ? Où l'orphelin entreprendra de faire un très long voyage, pour répondre au questionnement sur son existence, sur celui des souffrances de son âme. Au questionnement sur sa vie, sur la mort des êtres qu'il a aimé et sur le manque cruel qu'ils ont créé par leur absence.
Et c'est au bout du monde que le jeune garçon ira à la rencontre de l'Océan, un lieu immense par ses étendues d'eau, un lieu vital pour la vie, un lieu presque originel, un lieu de régénérescence.
Et surtout un lieu propice à la méditation, juste bercé par les murmures de l'écume de la mer, juste étourdi par clapotis des vagues que se brisent sur les rochers, juste emporté par le grondement de ses grandes lames vertes bleutées que soulève une tempête.
*
Il se dégage dans le livre de Diane une certaine fragilité, mais à la fois une force, une énergie.
Une fragilité car je sais que mon auteure préférée a eu de gros problèmes de santé, ces deux dernières années.
Et que je fus toujours de tout coeur avec elle.
La force et l'énergie, sont contenues dans le message que Diane semble nous faire passer.
Que rien n'est jamais acquis. Que toutes les choses sont éphémères et ne durent que le temps d'un souffle de vie.
Que c'est à chaque être de trouver en lui-même les ressources nécessaires pour avancer sur son chemin de vie et faire de son mieux.
Qu'il y a toujours un enseignement positif à tirer de nos expériences aussi difficiles et douloureuses qu'elles soient.
Que nous devrons souvent nous arrêter sur ce chemin, pour écouter « sa petite voix ».
Celle qui nous permet de conserver notre équilibre vital. Celle qui nous guide pour rester en harmonie et en amour avec l'univers.