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Critique de jvermeer


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« Mes buts ne sont guère du côté où l'on va et je prévois encore des déceptions publiques, néanmoins je ferai ce que je sens, advienne que pourra ».

Ces quelques mots écrits en 1919, quelques années avant son décès en 1925, pourraient résumer la vie artistique de Félix Vallotton. Sa vocation était de peindre sans jamais songer à suivre la mode ou à flatter l'amateur.
J'étais venu au Grand Palais à Paris plus par curiosité que par véritable désir. C'était la première manifestation consacrée à ce peintre dans un musée national parisien depuis une cinquantaine d'années. le « Nabi étranger », ainsi le surnommaient à ses débuts ses amis Nabis, ces peintres avant-gardistes auquel il appartint durant une dizaine d'année : Vuillard, Bonnard, Maurice Denis et quelques autres, qui présentaient une vision moderne de l'art.
Etrange peintre… Contemporain des peintres post-impressionnistes : Van Gogh, Gauguin, Cézanne, des cubistes et des fauves, cet artiste, suisse de naissance, naturalisé français en 1900, était un solitaire. Ce touche à tout génial fut, par ailleurs, critique d'art et écrivit des romans et pièces de théâtre.
Je le connaissais très mal…

PURETÉ DES LIGNES
Admirateur du Peintre Ingres, chez Vallotton le dessin l'emporte sur la couleur. Celle-ci n'intervient qu'en complément de la ligne qui reflète ses sentiments : magnifique courbes d'un corps de femme dans « le repos ».
Superbe petit tableau : « Misia à sa coiffeuse ». L'artiste se glisse dans le cabinet de toilette de l'épouse de Thadée Natanson, le cofondateur de la « Revue blanche » que Vallotton illustrait. Elle était considérée à cette époque comme la muse des Nabis et la reine de Paris.

EN BLANC ET NOIR
Entre 1892 et 1899, la reconnaissance du talent de graveur de Vallotton lui assure une renommée internationale. Il marche vers le succès, sa foisonnante production lui donne un statut important dans la scène artistique parisienne.

L'ÉCRASEMENT DE LA PERSPECTIVE
« Je rêve d'une peinture dégagée de tout respect littéral de la nature ».
L'aplatissement de la perspective, hérité de ses bois gravés, se retrouve constamment dans la peinture de l'artiste.
« La Valse » : il s'agit presque d'une oeuvre symboliste. Les couples enlacés s'envolent dans un poudroiement coloré. Un quart de siècle plus tard, Ravel considèrera, somptueux hommage, que cette valse fait littéralement toucher la musique.

SCÈNES DE GENRE
Je suis franchement admiratif de ces saynètes intimes de l'artiste, observant la vie domestique, ainsi que des enfilades d'espaces clos à la Peter de Hooch ou Johannes Vermeer.
« Cinq heures ou intimité » ; « La visite » : des couples se retrouve en fin de journée.
« La loge de théâtre, le monsieur et la dame » est la superbe toile de la couverture cartonnée du livre. On aperçoit à peine les visages du couple ? Notre regard ne peut se détacher du petit gant blanc de la dame, plus vivant que les personnages, formant une tache lumineuse au milieu de la toile.

UNE VISION PHOTOGRAPHIQUE
En 1899, Vallotton vient d'acquérir un appareil Kodak. Il prend des instantanés de sa vie quotidienne, à l'intérieur comme à l'extérieur et retranscrit sur la toile des points de vue, cadrages, contre-jours, que lui permet ce nouveau mode de vision.
« le ballon » : Cette peinture est la star de ses toiles sur ce thème qui représente un point de vue en plongée : une fillette minuscule semble arrêtée dans sa course autour de ballons. Les effets d'ombre et de lumière entraînent la terre dans un tourbillon incontrôlable. Magnifique !

UN ÉROTISME FROID
« C'est par des gestes, dont il ne restait pas toujours maître, que se trahissait une sensualité toujours en appétit de toutes sortes de gourmandises, d'aucunes plus que la chair féminine ».
Les concepteurs de l'exposition, considèrent « le bain au soir d'été » comme la plus belle oeuvre présentée. Résolument symboliste, cet étrange tableau se veut une vraie exaltation de la vie des femmes entre elles, dans un improbable gynécée.
« La salamandre » : Une femme nue face à un poêle brûlant. Un érotisme latent enflamme la composition.

Ce peintre aux multiples facettes, prend place parmi les grands de l'aventure moderne.
Je suis ressorti du Grand Palais avec sous le bras le magnifique catalogue de l'expo, trop cher, mais un vrai bouquin d'art avec une iconographie somptueuse.

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