Citations sur La porte à franchir : Témoignages d'un passeur d'âmes (18)
C’est ici, en ce lieu de la plainte, que le thérapeute est convoqué et si cela fait écho à quelque plainte propre dont il a trouvé le chemin de sublimation, il se doit d’écouter le chemin de l’autre…
Pour commencer, il te faut un point d’ancrage […].
Cette chose est une cible mouvante en toi, c’est ta respiration. Pour commencer, fixe ton attention sur ta respiration en prenant une posture droite, la colonne vertébrale la plus droite possible et, si tu n’en as pas la force, en t’allongeant, mais sans t’endormir. Et tu reviendras à ta respiration chaque fois que tes pensées partiront loin d’ici.
Les symboles sont autant de repères dans cet espace [de la conscience qui s’observe elle-même]. Les faits de scander et de répéter offrent à la fois l’assurance d’un retour et la découverte de l’union mystique tant désirée.
Faire l’expérience de la parole, être traversé par celle-ci, c’est faire l’expérience de quelque chose de plus puissant et de plus grand que le « Moi » qui n’est ni dedans ni dehors et qui naît de la rencontre.
Il est important maintenant que vous sachiez tous que le temps de la naissance et celui de la mort appartiennent à celui et à celle qui les vit et que l’on ne peut pas faire n’importe quoi.
Ainsi, en gardant cette posture [du méditant, du mystique], il ne me semble pas être dans la toute-puissance. Je reste dans « l’impouvoir » pour l’autre, quitte à énoncer une puissance autre : celle du rêve et de la folie que d’avoir « foi » en la vie et en la conscience.
Engagé dans cette clinique qui se veut ne pas être du semblant, je suis très certainement pris dans les mailles d’un autre semblant.
Je me demande si le fait de parler de la mort au travers ou avec les E.M.I. n’est pas un signe de toute-puissance, un jeu du « trompe la mort ». Un jeu d’enfant pervers qui fait comme si… comme si cela n’existait pas de mourir.
Au fils du temps, j’en suis venu à être persuadé que la conviction religieuse n’aide en rien, si elle n’est pas éprouvée au plus profond de l’être. […]
Un texte biblique me semble bien mettre en exergue cela, c’est le passage où Job, malmené dans sa vie et dans sa chair, est confronté aux quatre sages, sages des préceptes des hommes et de la doctrine divine. Ils n’entendent rien de la plainte de Job, ils n’entendent pas le désir de plaire à l’autre -l’Autre- à la restauration et l’accomplissement narcissique de celle-ci, ils pensent simplement que Job a fauté, ou encore qu’il faut le secourir. Ils ne pensent qu’avec leur Moi, avec leur tête…
Il [le Dieu de l’alliance d’Israël] est le seul en Proche-Orient ancien à demander à son peuple de se reconnaître comme limité et lui-même agit en conséquence de cette limite. La Loi est pour tous, même lui s’y soumet.
Dieu ne raconte pas d’histoires à Moïse et à ses prophètes, il ne vient pas consoler Jérémie, ni Elie, au cœur du désert ; il se tient là, simplement, comme une présence qui permet à la parole des prophètes de se dérouler.
Alors que des gens viennent le voir pour un problème, une maladie, Jésus répond toujours : « Ta foi t’a sauvé… ». Jamais il ne se place comme le rédempteur possible à ce problème.