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Critique de Presence


Pour la première fois, l'histoire commence par un résumé en 6 pages des tomes précédents, et cela s'avère pleinement justifié. le lecteur prend ainsi conscience du chemin parcouru malgré le rythme souvent nonchalant du récit. Connor a décidé de quitter la communauté de Whitechapel parce que personne ne prête attention à ses propos et que la mission qu'il s'était fixé à perdu tout sens, tout intérêt. Contrairement aux apparences, les FreakAngels n'en ont pas fini avec le cadavre de Luke. Kaitlyn doit s'occuper de Jack qui souhaite aussi s'éloigner de la communauté. L'influence de Mark ne cesse de peser sur les FreakAngels. Arkady trouve enfin une oreille attentive qui accepte d'écouter les changements provoqués par son overdose, et son accident dans la Tamise. Les autres FreakAngels essayent tant bien que mal de comprendre les événements, leurs implications et de déterminer les actions à entreprendre.

Il s'agit presque d'un nouveau départ pour la série. Les FreakAngels sont tous réunis ; Warren Ellis creuse les conflits existant entre les uns et les autres, les conséquences des actes moralement répréhensibles commis par plusieurs d'entre eux. Il affirme le caractère de plusieurs des FreakAngels en montrant comment il s réagissent au conflit et au dilemme moral, comment leur métier de prédilection entre en ligne de compte pour leur prise de position. le lecteur peut donc profiter de la résolution de certains conflits, des relations complexes entre FreakAngels, et du développement de la personnalité de plusieurs FreakAngels. Ellis réussit à gérer une distribution importante, tout en réservant un moment à chacun. de temps à autre, le lecteur peut avoir l'impression que les scènes passent mécaniquement d'un personnage à l'autre au fur et à mesure que le scénariste s'assure de n'avoir oublié aucun FreakAngel.

En outre Warren Ellis introduit dès les premières pages un nouvel élément de taille qui vient bouleverser les rapports de force que le lecteur pouvait pensé bien établis à ce niveau d'avancement du récit. Et il ne s'agit pas d'un détail, mais bien du nouvel élément majeur qui prend la place centrale dans l'intrigue. Il en profite également pour confronter les FreakAngels à leur mortalité, et l'un d'entre se lance dans un monologue d'une dizaine de pages sur le sujet, offrant l'occasion à Warren Ellis de revenir sur le sujet de la survie de l'esprit après la mort avec une verve dépassant les propres records qu'il avait déjà établis dans Hotwire 1 - Requiem for the Dead (avec Steve Pugh, en anglais).

C'est devenu un plaisir de retrouver les illustrations claires et faciles à lire de Paul Duffield. La plupart du temps, il continue à investir du temps dans les décors ce qui permet au lecteur de se projeter dans les endroits où évoluent les FreakAngels. Il y a une exception d'une bonne dizaine de pages dans ce tome : le monologue du FreakAngel pendant lequel il pérore sur un fond désespérément blanc. Duffiled est à nouveau associé à deux metteurs en couleurs : Alana Yuen et Kate Brown. Comme dans les tomes précédents, elles ne se contentent pas d'appliquer des couleurs pour faire ressortir les surfaces les unes par rapport aux autres. Elles s'en servent également pour conférer du volume à chaque élément, et pour ajouter des textures (telles que des briques sur les murs) pour ajouter à l'immersion du lecteur. Elles optent pour une palette radicale très vive et pétante pour les séquences se déroulant dans le plan spirituel.

Duffield prouve à nouveau que les décors sont pour lui un moyen de compléter la narration. En particulier il est très agréable de contempler les constructions typiquement londoniennes du quartier de Whitechapel. Les aménagements de la chambre de Connor et du bureau de Miki rappellent au lecteur que chaque habitant de Withechapel a récupéré tant bien que mal des morceaux par ci par là pour se construire son chez soi. le garage improvisé de KK contient des trucs et des machins lui permettant de se bricoler un nouvel engin volant, etc. Son utilisation du langage corporel s'affine pour être plus expressive. Il ne reste que quelques passages de discussion où la mise en scène est basique et dépourvue d'intérêt visuel.

Avec ce tome, Warren Ellis prend son lecteur par surprise en introduisant un nouveau fil narratif qui prend le dessus sur le reste. Bien qu'Ellis prenne le soin de continuer à montrer les conséquences des actes des FreakAngels des tomes précédents, cet élément prend le pas sur tout le reste et déstabilise le lecteur qui attendait autre chose par rapport aux thèmes abordés jusqu'alors dans la série. Paul Duffield (avec Alana Yuen et kate Brown) s'en tient toujours au même style graphique, très personnel et très agréable, avec quelques maladresses (des mises en scène parfois insipides) et quelques innovations pour s'accommoder des nouveautés du scénario. Je n'attribue pas la cinquième étoile du fait de cet élément nouveau parachuté au beau milieu d'une histoire qui n'en avait peut être pas besoin. Seul le dernier tome permettra d'apprécier ce nouvel élément à sa juste valeur.
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