Paul Moses était un agent de terrain de la CIA. Il a effectué de nombreuses missions d'exécutions sommaires pour asseoir les intérêts de son pays de par le monde. Maintenant, il est retraité. Il vit dans une luxueuse villa éloignée du monde, seul.
Le nouveau président de la CIA a droit à plusieurs épreuves de bizutage dont le visionnage des exploits passés de cet agent très efficace. Il décide que la CIA ne peut pas laisser une telle relique du passé en vie, Paul Moses est une preuve vivante de trop d'exactions. le récit raconte les suites de cette décision.
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RED" comprend les 3 épisodes de la minisérie de 2003, ainsi que les esquisses préparatoires de
Cully Hamner et l'intégralité du script de
Warren Ellis pour le premier épisode. Sur les 128 pages de ce tome, la bande dessinée proprement dite en occupe 66, soit les 3 épisodes de 22 pages.
Une bonne moitié des pages est dépourvue de textes ou de bulles. "
RED" se lit comme un film d'action très violent et très rapide. Les quelques éléments de contexte sont répartis entre chaque séquence d'action. La personnalité de Paul Moses transparaît au travers de quelques dialogues très secs et des scènes d'actions. Sa propension à tuer tout le monde empêche le lecteur de le voir comme un héros, ou comme un antihéros. Il a un métier, il le fait bien, il y a un prix à payer et un fardeau moral terrible à porter.
Le scénario est entièrement linéaire, un peu prévisible avec un niveau de violence très supérieur à la moyenne et une absence de pitié. Il n'est guère surprenant qu'il ait été transformé, en 2010, en un film d'action interprété par Bruce Willis, John Malkovich, Morgan Freeman et Helen Mirren.
À la lecture, le scénario de
Warren Ellis est très concis, avec quelques indications sur le découpage des cases et sur contenu des décors. le fait que le résultat soit aussi efficace et prenant doit beaucoup au dessinateur :
Cully Hamner. Il a choisi un style simple et direct sans fioritures, influencé par la bande dessinée européenne. Il a consacré beaucoup d'efforts à fai
re, de chaque endroit, un lieu réaliste et reconnaissable.
À ce titre la maison de Paul Moses est remarquable : il s'agit d'une bâtisse qui mélange la pierre et la brique, avec des aménagements spacieux et une décoration d'intérieur qui indique que son occupant a beaucoup voyagé. Il a une aptitude remarquable à hiérarchiser les éléments dans une case. Les personnages ressortent toujours en premier plan pour une lisibilité maximale, et la rétine peut ensuite observer les détails des aménagements ou des outils. le deuxième point de Hamner se voit dans l'expressivité des visages, ainsi que le langage corporel des individus. le visage de Paul Moses est marqué par le temps et les sentiments qu'il exprime appartiennent bien à un être humain ayant plusieurs années d'expérience.
Cully Hamner dessine des visages tout en retenue pour mieux y inscri
re des nuances. La gestuelle des personnages permet à la fois de fournir un complément d'information sur leur état d'esprit, et également de transformer ces séquences de dialogues en de vraies scènes jouées par des acteurs.
Il y a bien quelques petits défauts ici et là : un porte couteau qui semble étrangement fourni sur le plan de travail de la cuisine, Paul Moses qui bouge plus vite qu'une balle de revolver parce que Hamner n'a pas bien mis en images le script d'Ellis, un mur regorgeant de trop d'outils du même type. Mais il s'agit de défauts mineurs.
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RED" se lit très vite du fait de sa faible pagination et procure les sensations d'un film violent et sans pitié. le point de vue politique exprimé reste très superficiel comme souvent dans les récits de
Warren Ellis. le travail de
Cully Hamner est remarquable par sa précision et sa sécheresse.