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Critique de frandj


frandj
19 septembre 2016
Quoique le sujet de ce livre soit connu à l'avance, son impact sur le lecteur est très fort et durable. Dans ce court roman, Marc Dugain évoque la guerre de 1914-1918 et, plus précisément, les "gueules cassées". Ces soldats ont par hasard échappé à la mort, mais ils ont été marqués à vie par de terribles mutilations à la face, beaucoup trop visibles. le narrateur, un lieutenant nommé Adrien Fournier, est blessé dès le début des hostilités et passera toute la guerre dans un hôpital militaire. Les lésions gravissimes dont il souffre seront soignées et atténuées, grâce à de nombreuses opérations effectuées par un chirurgien compétent et proche de son patient. Mais surtout, il devra accepter que son apparence soit devenue pour autrui un objet d'effroi et de pitié; c'est pourquoi il refusera longtemps toute visite de sa famille. Toutefois, une vie sociale intense s'organise spontanément dans la chambre des officiers où il est hospitalisé; le lieutenant se lie à d'autres mutilés, notamment à Penanster et à Weil, ainsi qu'à une femme mutilée prénommée Marguerite. Il sortira seulement en avril 1919. Cette libération n'a pas que de bons côtés, loin de là ! Il faut affronter le regard des autres, retrouver du travail, et chercher la trace de Clémence, une jeune femme qu'il a aimée juste le jour de la mobilisation générale.

Ce récit laisse une très forte impression d'authenticité, on croirait presque à un témoignage de première main. de fait, ce livre est dédié au grand-père de l'auteur, une "gueule cassée". Mais surtout le ton employé dans le roman est très étonnant: sec, factuel, dépourvu d'amertume, infiniment éloigné de tout pathos, et pourtant sans le moindre cynisme ou cruauté. Marc Dugain choisit très pertinemment ses sujets et les traite avec une grande maîtrise. C'est un grand auteur contemporain, ce livre en est l'une des preuves.
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