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Critique de Malaura


Choisi, reçu et lu dans le cadre de l'opération Masse Critique BD…mais hélas déçue par « Horizon infini », un roman graphique qui s'est révélé de faible amplitude malgré nos attentes.
La BD s'annonçait pourtant sous les meilleurs auspices. Revisiter l'Odyssée d'Homère à la sauce comics dans un futur proche du nôtre, l'idée était pour le moins alléchante mais le sujet, sans doute trop prometteur, ne nous a pas convaincu dans son traitement.
Ce n'est que difficilement et sans véritables émotions que nous nous sommes laissés transporter, cahin-caha, jusqu'au périmètre de sa dernière page, bien proche de nous enliser irrémédiablement dans l'oeil vitreux du cyclope.
De Charybde en Scylla, en plein désenchantement et la main en visière, le désir nous venait de clamer en Choeur face à cet « horizon » qui pour le coup nous paraissait bel et bien « infini » :
« Ô Muse, conte-moi l'aventure de l'Inventif :
Celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra,
Voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d'usages,
Souffrant beaucoup d'angoisses dans son âme sur la mer
Pour défendre sa vie et le retour de ses marins. »…

Ici, les malédictions de nos époques contemporaines - terrorisme, guerres pétrolières, catastrophes, maladies, inondations - sont venues remplacer les imprécations des Dieux vengeurs de l'Antiquité mais rien de bien neuf n'émerge par ailleurs des aventures graphiques de notre Ulysse moderne. Rien que nous ne connaissons déjà. Toujours les mêmes épisodes ressassés à tour de bras, connus même de ceux qui n'ont pas lu Homère, venant jalonner le chemin semé d'embûches de notre super-tiède-héros, un soldat nommé Personne qui, après des années passées à guerroyer par devoir patriotique dans tous les pays pétrolifères de la planète, tente de rentrer chez lui aux Etats-Unis, où l'attend sa chère et tendre Pénélope. Celle-ci vit avec son fils dans une ferme du comté de New-York. Là-bas, l'eau potable est devenue si rare et si précieuse que les hommes sont prêts à tout pour en avoir. Pénélope, rare personne vivant encore sur une propriété irriguée d'eau pure, est menacée par des fermiers des alentours. Seule contre des hommes de plus en plus agressifs, elle résiste tant bien que mal à leurs tentatives d'intimidation, gardant l'espoir intact de revoir bientôt son mari. Mais le chemin du retour sera long et périlleux pour le soldat Personne qui devra franchir bien des obstacles avant de pouvoir retrouver sa famille.
Un périple qui reprend ainsi les grandes lignes de l'odyssée d'Ulysse avec quelques remaniements de circonstance : le cyclope s'est transformé en un robot russe géant à oeil central, la sirène émet ses chants envoûtants sur des ondes radio, les brigands des mers sont devenus des pirates syriens…et Pénélope attend, l'arme au poing.

La seconde déception d' « Horizon infini » vient des dessins de Phil Noto qui ne relèvent pas le scénario souvent confus et elliptique de Greg Duggan.
Les planches de comics compensent en général leur aspect un peu lisse par des couleurs flashes, un rythme énergique extrêmement soutenu, un lettrage explosif. A coup de « Bing » et de « Bang », les bulles des comics américains débordent du cadre de la BD pour nous sauter à la figure dans un déferlement de tons vifs et éclatants et des dessins expressifs. Las, « Horizon infini » n'a gardé des comics que le côté poli et léché tandis que son personnage principal reste terne et sans âme.
Un découpage classique, des planches glabres comme la poitrine d'un Monsieur Muscle, des décors pauvres quelquefois même à la limite de l'inexistence, des personnages peu marqués, font que l'on n'arrive à s'attacher à rien, ni à l'histoire, qui, même si elle reprend les grandes lignes de l'épopée homésienne, est souvent trop allusive dans sa construction et donne une impression de manque et d'incohérence ; ni aux dessins qui ne sont pas assez profonds ni accrocheurs pour nous faire oublier les faiblesses du scénario.

Merci aux éditions Panini Comics pour l'envoi de ce roman graphique même si, en fait « d'horizon », il ne dépassera guère le périmètre des rayons de notre bibliothèque et connaîtra de « l'infini » le temps où nous l'y laisserons désormais séjourner…

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