La Tulipe noire

Alors que les Jean et Corneille de Witt se font lyncher à La Haye par la foule qui les soupçonne de trahison, aidés par le futur Guillaume d'Orange, leur neveu, botaniste émérite ignorant tout des événements, n'a d'yeux que pour la tulipe qu'il vient de créer et dont il vient de déterrer les caieux. Arrêté pour avoir caché chez lui des documents dont il ignorait tout, il n'a que le temps de cacher ces trois caieux dans sa chemise avant d'être arrêté, sur dénonciation de son voisin, qui espère en profiter pour lui voler sa tulipe. Nous sommes en Hollande au XVIIe siècle et cette fleur fait l'objets d'autant de vénération que de spéculation, au point qu'une récompense de 100 000 florins est offerte à celui qui arrivera à faire éclore une tulipe parfaitement noire. Avant de monter sur l'échafaud, le jeune Cornelius confie à Rosa, la fille du geôlier , le soin de faire fleurir la tulipe.
Voilà un roman auquel je penserai longtemps en épluchant des gousses d'ail, car j'y ai découvert le mot caïeu ! Cela faisait longtemps que je n'avais lu Dumas, et si j'ai parfois soupiré devant ces parenthèses et digressions qui me rappelaient qu'il était payé à la ligne, j'ai aimé retrouver son ironie et son habileté à nous plonger au coeur des événements historiques. Les premières pages consacrées à la mort des frères de Witt est aussi glaçante que saisissante. L'idylle entre la fille du geôlier et le prisonnier m'a moins émue, le personnage de Rosa étant trop stéréotypé à mon goût, mais ce fut une lecture néanmoins plaisante, dotée d'un charme suranné.