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Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, si je vous dis « Un pour tous », vous me répondez…

-Ah, c'est aujourd'hui la critique des Trois Mousquetaires ?

-Euuuh… oui. J'attendais une réponse plus spontanée, mais oui.

-Super, le chapeau à plume. Et la moustache aussi, on jurerait Porthos !

-Qu'est-ce que tu racontes ? Je n'ai pas mis de moustache !

-Ah ? ah oui… peut-être bien…

-Grmblbl. Or donc, le jeune D Artagnan monte à la capitale muni d'un mauvais cheval, d'un baume guérisseur et d'une lettre de recommandation dans l'espoir de rejoindre le prestigieux corps des mousquetaires du roi. Hélas, il perd bêtement son courrier. Il parvient néanmoins à se faire embaucher dans un corps de garde et surtout, à se lier d'amitié avec trois mousquetaires, Athos, Porthos et Aramis. Et comme nous sommes dans un roman d'aventures, nos héros sont vite pris dans des intrigues mortelles et des complots passionnants machinés par l'infâme cardinal de Richelieu.

-Mékilécon.

-Quoi ? le cardinal ?

-Mais non, D Artagnan ! Jamais vu un crétin pareil ! Je pensais que c'était un héros, moi, un jeune homme plein de droiture, de galanterie respectueuse, prêt à lutter pour le Bien contre le Mal ! Et les premières pages, je regrette, mais j'ai pensé comme on dirait dans Fluide Glacial : Mékilécon !

-Ah oui, c'est vrai qu'il manque de bon sens… en revanche, cette bêtise et cette maladresse lui permettent de faire connaissance avec les autres héros lors de scènes hilarantes ! Car, en dépit du classicisme, en dépit du XIXe siècle, en dépit du nombre accablant de pages, nous lisons là une oeuvre de pur divertissement, pleine d'humour et de combats spectaculaires. Fi des descriptions à n'en plus finir, non messieurs-dames, de l'action, de l'action, de l'action ! Et le narrateur, en commentant l'histoire, se comporte en conteur, ce qui lui donne une amusante proximité avec le lecteur.

-C'est quand même bizarre…

-Quoi ?

-Les duels et la violence ! Tous ces gens se battent avec la politesse la plus raffinée !

-En effet, et cela crée un nouveau décalage entre la gravité de l'action (des gens vont se battre à mort ou jusqu'à blessure grave, tout de même) et la façon dont les acteurs le vivent : avec désinvolture. « Nous disons donc à dix heures derrière l'enclos aux chèvres ? –Je consulte mon agendâ en beau cuir, cadeau d'une dame… Oui, j'ai un créneau pour nous entretuer. le bonsoir et à demain, cher monsieur. »

On dirait que Dumas a voulu mettre en scène une comédie héroïque : comédie parce que cette légèreté est tout à fait décalée et inappropriée aux circonstances, et héroïsme parce que les personnages font preuve de sang-froid et de talent pendant lesdites circonstances.

-Quoi qu'il en soit, j'aime pas D Artagnan. Il est manipulateur, bouffi d'orgueil, brutal, calculateur…

-Que veux-tu, il fallait un pendant masculin à Milady !

-Ah tiens, parlons-en, de Milady. Je n'ai pas aimé la façon dont le narrateur la traite. Impossible pour moi de la haïr dans ces conditions.

-Ah bon ? Pourquoi ?

-Parce qu'elle est souvent comparée à un prédateur, une lionne, une panthère. Je comprends bien qu'il s'agit d'une figure de style pour la faire détester, mais le procédé manque à ce point de subtilité que je ne parviens pas à entrer dans le jeu. Un peu comme si Dumas la faisait suivre sans cesse avec une pancarte marquée « VILAINE MECHANTE » en grosses lettres clignotantes : bon, ça va, Alex, tu es relou, là.

J'aurais préféré une autre Merteuil au lieu de cet animal perfide qu'en fait Dumas : une méchante qui commet des horreurs sans remords, certes, mais qui a aussi été une victime. M'enfin, de toute façon, même taillée dans le bloc de la plus pure scélératesse, je ne parviens pas à la détester : sans doute parce que les châtiments qu'elle subit me paraissent barbares.

-Et pour rester dans les figures féminines, j'ai adoré la reine.

-Un peu bête quand même d'offrir des cadeaux aussi compromettants que ses ferrets !

-Oui… bien sûr… mais j'ai adoré les belles scènes d'amour chevaleresque qu'elle provoque.

-Berk. Tu es tellement fleur bleue !

-J'avoue. Et puis, il n'y a pas que les histoires d'amour ! Outre la légèreté, l'humour et l'action, il y a l'histoire de cette amitié formidable entre quatre hommes aux caractères fort différents et unis par le respect, l'estime et le sens du devoir. Leurs liens les rendent presque invincibles, et cela aussi, cela me fait rêver… Grâce au pouvoir de l'amitié, on peut surmonter tous les obstacles et affronter mille dangers !

-Ouais. Hé bien, moi, je préfère le Comte de Monte-Cristo.

-Ah bon ? Pourquoi ?

-Parce que je préfère les Ulysse aux Achille. D'Artagnan, avec sa susceptibilité, sa promptitude à la baston et son talent pour celle-ci, me fait penser à un autre Achille, un héros d'action. Or, j'aime mieux les héros qui réfléchissent, calculent, ourdissent sans pour autant démériter au combat. »
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