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Critique de Mucifer


Si je jette un oeil aux autres critiques, je crois qu'il était grand temps pour moi de lire La Dame aux Camélias dont on ne présente plus l'histoire. Tant mieux, je ne la connais pas, et c'est en toute innocence que je plonge dans ce court mais intense roman -mon édition étant dispensée de résumé, c'est tout un mystère qui se déroule !

Je suis séduite par le début de l'histoire, et la joie de retrouver un Paris que j'aime tant sans jamais l'avoir vraiment connu. Imaginer les personnages, les décors, les tenues, etc. a été un vrai plaisir à la lecture, et le style de rédaction absolument formidable n'y a rien enlevé.

Néanmoins, l'enchantement n'a pas duré aussi longtemps que je le voulais tant notre héros, Armand, devient absolument détestable. Ca ne gâche rien à la qualité de l'histoire, mais je ne peux pas nier que ça m'a rendu le roman presque déplaisant.

Je sais bien qu'il faut remettre les choses en contexte, et que les rapports en hommes et femmes ont évolué avec le temps -mais on parle d'une époque qui n'est pas exactement lointaine non plus.

On a là un héros qui n'écoute rien, malgré des explications quantitatives de son amante et ses ami(e)s, qui n'en fait qu'à sa tête et qui a l'audace de fomenter une vengeance (absolument dégueulasse) quand la réalité rattrape la romance. Quant aux raisons d'un tel retour "à la normale", je préfère ne pas en parler, ne serait-ce que pour ne pas gâcher l'intrigue.

Quant à la romantisation de la violence et du contrôle sur la femme, oui, je reconnais faire une fixette dessus sans doute, mais j'ai du mal. Réellement. L'utilisation de : posséder, avoir, appartenir, tuer, etc. n'a rien à faire dans le vocabulaire amoureux. Une fois encore, ne connaissant pas ce classique, j'espérais un peu secrètement que le couple allait précisément triomphé des carcans sociaux rétrogrades de son époque, et peut-être migrer sur un happy ending (non pas que le happy ending soit une obligation, mais ça nous aurait épargné le chapitre de la vengeance à nouveau).

A l'inverse, j'ai trouvé le personnage de Marguerite absolument incroyable et très moderne, avec une évolution concrète et "positive" au fur et à mesure de l'intrigue. Si les deux chapitres de fin tirent un peu sur le mélodrame, je ne peux qu'admirer la résolution de cette femme à solutionner tant de "problèmes" par son seul sacrifice, en dépit des terribles souffrances physiques et mentales qu'elle affronte. Et, je ne crois pas un instant que ça soit "l'amour" d'Armand qui lui donne cette force, mais bien l'inverse, à savoir l'amour qu'elle lui a porté. J'ai particulièrement apprécié que le final soit sous la forme d'une lettre.

En conclusion, je dirais que c'est un classique à lire -parce que ça semble acquis, mais aussi parce que c'est rapide. Je pense cependant qu'à notre époque, il souffre d'une représentation homme-femme totalement inégalitaire et déshumanisante -au moins pour un camp. le titre de l'oeuvre allant dans ce sens, faisant référence au personnage principal par une périphrase, sur un détail somme toute anecdotique de sa courte et intense existence.
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