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sur 2174 notes
« Ne faites pas à ces filles-là l'honneur de les prendre au sérieux. Elles ne savent pas ce que c'est que l'élégance et la politesse ; c'est comme les chiens auxquels on met des parfums, ils trouvent que cela sent mauvais et vont se rouler dans le ruisseau. »
Voilà comment on traite les « femmes entretenues », comme on disait à l'époque d'Alexandre Dumas fils.
Femmes entretenues, ou cocottes, ou prostituées de luxe...Etres humains ? Sûrement pas !
Elles étaient considérées comme de simples et beaux objets à exhiber, coûteux, il est vrai. Un objet perd de son éclat si on ne l'entretient pas, tout le monde sait ça.


Alexandre Dumas nous dépeint très bien l'ambiance de ce 19e siècle, du moins l'ambiance chez les riches et même les très riches, qui adoptaient une femme comme ils adoptaient un bel animal.
Marguerite Gautier était une très jeune femme d'une vingtaine d'années, adulée, caressée, exhibée, et elle en profitait, évidemment. Difficile de se passer des richesses lorsqu'on les a connues. Mais l'amour vient frapper à sa porte en la personne d'Armand Duval, un très jeune homme...
Les conventions vont s'en mêler - le père est un personnage tout-puissant - , les amis et faux-amis, les dettes et les créances, mais aussi la jalousie qui taraude Armand ainsi que la tuberculose qui s'installe chez Marguerite. L'amour et la mort, encore une fois, se mélangent pour former un cocktail explosif, à la plus pure façon romantique.


L'analyse de l'amour entre Marguerite et Armand m'a semblé tout à fait judicieuse et détaillée, et je reconnais là un grand sens de la psychologie chez Alexandre Dumas (honte à moi, je n'avais rien lu de lui ni de son père !).
N'empêche, je me demande pourquoi les grands auteurs du 19e siècle, que ce soit Dumas, Maupassant ou Zola, s'intéressent tellement à la « femme entretenue ».
Hantait-elle leurs rêves ? Question à approfondir !


Je terminerai par cette phrase qui me fait bondir: « Se soigner, c'est bon pour les femmes du monde qui ont une famille et des amis ; mais nous, dès que nous ne pouvons plus servir à la vanité et au plaisir de nos amants, ils nous abandonnent. »
Question encore d'actualité, je suppose...
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Je ne vais pas raconter l'histoire, tout le monde la connaît, toujours est-il que j'ai beaucoup aimé lire enfin ce roman grâce au site « ebooks libres et gratuits ». Une belle histoire d'amour, dans ce monde de brutes, cela fait du bien. Je ne l'avais jamais lu, mais j'ai une passion pour Verdi et « La Traviata » fait partie de mes opéras préférés. Ahhhhhhhhhhhh « Libiamo ne' lieti calici… », Pavarotti, Callas…

L'Incipit est superbe:

« Mon avis est qu'on ne peut créer des personnages que lorsque l'on a beaucoup étudié les hommes, comme on ne peut parler une langue qu'à la condition de l'avoir sérieusement apprise. »

Marguerite était jeune et belle, arborant ses camélias; elle avait pignon sur rue, mais la tuberculose la rongeait, tel le nénuphar de Chloé de « L'écume des jours » et par amour pour Armand, elle a accepté de perdre le confort que lui apportaient ses protecteurs, fuyant les bijoux et toilettes, les sorties le soir pour abriter son amour à la campagne.

Alexandre Dumas fils aborde la différence entre les milieux sociaux, la manière dont réagissaient les gens du monde, les critiques acides, le rôle de l'argent, la difficulté d'échapper à son milieu social… Il nous présente une Marguerite qui s'affirme et veut rester libre, indépendante, quitte à vendre tout ce qui lui appartient.

J'ai aimé la façon dont le narrateur rapporte l'histoire, avec le long récit d'Armand Duval, décrivant, de belle manière, les splendeurs et les misères de celles qu'on appelait courtisanes, demi-mondaines ou autres qualificatifs. Cette manière de raconter fait penser à « Manon Lescaut» de l'Abbé Prévost : c'est précisément ce livre, acheté aux enchères par le narrateur lors de la vente des biens de Marguerite, qui déclenchera sa rencontre avec Armand…

« Manon était morte dans un désert, il est vrai, mais dans les bras de l'homme qui l'aimait avec toutes les énergies de l'âme, qui, morte, lui creusa une fosse, l'arrosa de ses larmes et y ensevelit son coeur ; tandis que Marguerite, pécheresse comme Manon, et peut-être convertie comme elle, était morte au sein d'un luxe somptueux, s'il fallait en croire ce que j'avais vu, dans le lit de son passé, mais aussi au milieu de ce désert du coeur, bien plus aride, bien plus vaste, bien plus impitoyable que celui dans lequel avait été enterrée Manon. »

le sentiment amoureux est bien exploré par l'auteur dont l'écriture est simple mais assez belle pour faire rêver le lecteur. On fait, bien-sûr, le rapprochement avec la propre histoire de l'auteur avec Marie Duplessis.

J'ajouterai au passage que le e-book nous propose une illustration pour chaque chapitre, ce qui lui confère un charme supplémentaire.

Ce roman m'a plu, mais ce n'est pas un coup de foudre. peut-être l'ai-je lu trop tard, ou alors déçue par rapport à la magie de « La Traviata »…

Note: 8/10

Challenge XIXe siècle
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Faut-il vraiment redire l'histoire tragique de Marguerite Gautier, fameuse demi-mondaine, amoureuse sublime et courtisane au noble coeur ? Dès le début, on sait qu'elle est morte jeune et belle. Elle doit son surnom fleuri aux bouquets de camélias qu'elle ne manquait jamais d'arborer lors de ses sorties au théâtre. Mais c'est en recueillant le long récit, la presque confession, du jeune Armand Duval que le narrateur retrace la vie et les souffrances de la belle Marguerite Gautier. Il découvre les amants richissimes de la courtisane, les amitiés intéressées qu'elle traîne dans son sillage et la maladie de poitrine qui la ronge et la terrasse, comme l'incarnation physique de sa souillure morale.

La situation de Marguerite est délicate. En tant que femme entretenue, elle ne peut compter sur les largesses de ses amants pour payer ses folies et solder ses dettes. « Nous ne nous appartenons plus. Nous ne sommes plus des êtres, mais des choses. Nous sommes les premières dans leur amour-propre, les dernières dans leur largesse. » (p. 178) Et Marguerite se veut indépendante. Tout le roman peut se lire comme un premier traité du féminisme dont George Sand, proche de l'auteur, n'aurait pas eu à rougir. C'est l'amour payé de retour pour le jeune Duval qui causera la perte de la dame aux camélias. « Quand Dieu permet l'amour à une courtisane, cet amour, qui semble d'abord un pardon, devient presque toujours pour elle un châtiment. Il n'y a pas d'absolution sans pénitence. » (p. 139) Finalement, le grain de sable qui enraye la machine, c'est la fierté d'Armand. le jeune amoureux voudrait guérir sa belle de sa vie de débauche. Pour cela, il est prêt à payer pour toutes ses folies, devenant ainsi un homme comme ceux que Marguerite aimerait fuir. Mais Armand est trop fier pour profiter des générosités d'un autre. Même si sa condition sociale est supérieure à celle de Marguerite, il est insuffisamment fortuné pour l'entretenir complètement. Et c'est pour le sauver de la banqueroute et du déshonneur que Marguerite part dans les bras d'un riche amant.

Le récit du narrateur s'ouvre sur la vente des biens de la courtisane, vente qui doit régler les dettes qu'une vie de faste et de dépenses n'a cessé d'accumuler. Cette vente publique, aux yeux du sensible narrateur, c'est une curée qui dépouille pour toujours la belle de ses précieux atours, mais qui ne saurait flétrir sa grâce. Cela fut déjà dit et ce n'est presque un secret pour personne : le narrateur est une figure de l'auteur lui-même et celui-ci s'est inspiré de sa liaison avec la belle Marie Duplessis pour écrire son chef-d'oeuvre. le narrateur révèle une empathie peu commune pour la dame aux camélias et ses consoeurs. « J'ai une indulgence inépuisable pour les courtisanes, et je ne me donne même pas la peine de discuter cette indulgence. » (p. 21) Mais il tente de dissimuler cette sensibilité derrière des arguments spécieux où seule la beauté compte. « Je regrettais la mort de cette fille comme on regrette la destruction totale d'une belle oeuvre. » (p. 25) Je ne suis pas loin de penser qu'en écrivant cette oeuvre, outre ses prétentions littéraires, l'auteur a tenté de faire quelque peu amende honorable pour l'issue tragique de sa liaison avec Marie Duplessis. Dans son roman, la belle Marguerite est dotée de qualités d'âme dont ses congénères ne disposent pas. Même si le fantôme de Manon Lescaut et son lot d'intertextualité plane sur le texte, Dumas fils a fait le portrait d'une courtisane qui, même si elle a toujours voulu être libre, est une femme qui se serait repentie par amour, mais qui se perd pour l'honneur.

Alexandre Dumas fils dresse un portrait au vitriol d'une société bourgeoise très sûre de ses avantages et de sa position, et bien prompte à stigmatiser les marginaux. le style de Dumas fils n'est pas celui de Dumas père. Il est moins ample, mais pas moins romanesque. Paradoxalement, il est également très théâtral et ce n'est pas pour rien que le roman a été adapté si rapidement et si souvent sur scène et au cinéma.

Parlons maintenant du téléfilm de Desmond Davis, étrangement intitulé Camille dans le générique liminaire. Je n'ai pas été convaincue par cette adaptation. le film s'ouvre sur le journal final de Marguerite Gautier, ce qui prive l'intrigue du ressort dramatique que constitue le secret entourant la fuite de la belle. Contrairement au roman, il n'y a pas de narrateur qui aide Armand dans ses démarches et l'accompagne dans ses souvenirs. le réalisateur a choisi de présenter le passé de Marguerite avant son arrivée à Paris. Là où Dumas fils ne faisait qu'évoquer un passé de pauvre provinciale, le téléfilm montre une jeune Marguerite dans une ferme crasseuse, puis battant le pavé parisien jusqu'à trouver son premier protecteur. C'est ainsi que le duc, si discret dans le roman, devient une sorte de Pygmalion dans cette adaptation, ce qui est erroné puisque lors de leur rencontre, la jeune femme est déjà une demi-mondaine accomplie.

Pour ce qui est de l'interprétation, j'ai trouvé Greta Scacchi très mauvaise dans le rôle de la courtisane. Elle est blonde, ce qui est bien loin de la beauté brune que Dumas décrit tout au long de son roman. J'ai trouvé son jeu maladroit, voire grossier. Ben Kingsley incarne Duval père et sa prestation ne vaut même pas un commentaire. Quant à Colin Firth, quelle déception. Colin, mon chou, je t'ai trouvé bien falot dans toute cette histoire. Tu n'incarnes pas vraiment le héros follement romantique de Dumas fils. Pour cette fois, désolée de te le dire, mais tu es trop british pour le rôle. Note bien que j'adore ta distinction d'outre-Manche, mais cette fois, ça n'a pas pris. Toutefois, te voir torse nu est toujours aussi agréable, alors mettons que ce n'est rien et oublions ce rôle sans épaisseur.
Sans hésiter, lisez l'excellent roman d'Alexandre Dumas fils et cherchez une meilleure adaptation si vous ne pouvez vous passer d'écran.
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Voilà un classique avec une belle dimension romantique et une grande dimension dramatique. Dumas s'attache davantage à la femme qu'au couple et fait de Marguerite Gautier une véritable égérie de son sexe.

Roman tout en contrastes à travers lequel s'affrontent tous les paradoxes : le vice et la vertu, la luxure et l'amour, le plaisir et le devoir, la jeunesse et la vieillesse, la vie et la mort, la santé et la maladie, la fortune et la misère, la beauté et la noirceur...

Le touchant duo d'amour entre Armand le bourgeois et Marguerite la courtisane s'exprime et tire son essence de toutes ces confrontations, comme autant de clash qui véhiculent une émotion tout en violence. Dans ces conditions, rien de plus normal que nos tourtereaux siègent parmi les plus célèbres amants maudits de la littérature.

Je ne louerai pas excessivement le style de l'auteur qui n'a rien de très remarquable en comparaison de ceux de ses contemporains ; je me contenterai de dire que la narration est agréable, la lecture se fait fluide, le vocabulaire est très accessible et l'ensemble très cohérent. A mon sens, à sa parution, ce roman a dû être plus remarqué pour son fond que pour sa forme.

A découvrir, particulièrement si on s'intéresse à la condition féminine au 19ème siècle. L'aspect social et sociétal du roman ne laisse pas indifférent.


Challenge 19ème siècle 2015
Challenge ABC 2015 / 2016
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Retour à un grand classique de la littérature ( et du théâtre... ce n'est qu'une nuance ), dont le cinéma n'a eu de cesse de le faire revivre, génération après génération, à travers le monde. Au passage, un sourire à Garbo qui, pour moi, est jusqu'à présent "l'Unique" ( comme disait Camus à propos de Casarès )...
Peu utile de revenir sur la relation de Dumas fils avec Marie Duplessis, la courtisane dont le nom se cache derrière celui de Marguerite Gautier, et dont la vie a inspiré l'illustre roman.
Peu nécessaire également de proposer le résumé de ce qui est devenu le mythe de la courtisane rachetée ( pas de mauvais jeu de mots ) par l'amour, le sacrifice, l'héroïsme et la mort.
Cette oeuvre, plus connue que son créateur ( je n'exagère pas ! ) a la saveur exquise des bonbons dont Marguerite était si friande, la beauté et l'ivresse du "parfum" des bouquets de camélias ; ces vingt-cinq bouquets blancs et ces cinq bouquets rouges qui ornaient mens(tr)uellement la loge de la belle créature lorsqu'elle se rendait au théâtre.
Sa force, son génie, c'est l'intemporalité et l'universalité de la passion qui est trop au-delà de la vie pour se survivre à elle-même sans se renier, s'altérer, se faner.
Sa force c'est d'instiller cette passion au coeur et dans le coeur de mortels qui ne sont pas faits pour affronter la noblesse de l'Olympe, mais pour se satisfaire de la terne médiocrité, de l'ordinaire tiède et du banal mou et rassurant.
Sa force enfin, c'est d'avoir permis la rencontre de l'absolu et de la grandeur avec le commun et le vulgum... et qu'une plume inspirée nous ait peint cette rencontre aux couleurs d'un romantisme soigné et d'un réalisme approprié et saisissant ( l'exhumation et la translation du corps décomposé de Marguerite, son agonie et sa mort en sont les exemples les plus frappants )
Je ne peux pas ne pas avoir un mot pour l'habileté de Dumas, scribe et ami d'Armand Duval, qui va se charger de la confession déchirante de ce dernier pour "prendre ses distances" dans la narration tout en nous permettant de pénétrer dans le coeur et l'âme des deux amants, et réussir le tour de force de structurer son roman de manière parfaite. Sentait-il déjà les appels du théâtre et les piétinements impatients du cinématographe ?
À lire et à relire cet immense chef-d'oeuvre !
Préparez vos mouchoirs... moi, j'en ai chaque fois besoin...
PS : j'aurais voulu, pour une fois, accorder cinq étoiles à une telle oeuvre... mais le petit côté "moralisant" de Dumas fils me retient de le faire.
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Voilà une des histoires romantiques les plus célèbres car non seulement elle a donné lieu au roman dont il est question ici mais également à une pièce de théâtre et aussi au tout aussi célèbre opéra de Verdi : La Traviata. Adapté également de nombreuses fois au cinéma, ce grand classique ne pouvait pas manquer plus longtemps à ma culture littéraire.

Ce qui m'a surprise en premier lieu lors de cette lecture, ce fut sa grande simplicité dans le style d'écriture. Ici, on ne rencontre point de longues descriptions s'étalant sur des pages et effrayant bon nombre de lecteurs. le roman est d'ailleurs assez court et se lit très vite car tout est concentré sur l'intrigue et les sentiments des personnages.
On rentre donc très rapidement dans le vif du sujet.
Ce n'est pas pour rien qu'Alexandre Dumas fils fait lui-même référence, dans son texte, à un autre grand classique de la littérature française : Manon Lescaut. Car il existe, en effet, certaines similitudes entre ces deux romans dont la première est la construction.

Tout comme dans le récit de l'abbé Prévost, La Dame aux Camélias utilise le procédé du récit dans le récit. le lecteur fait donc tout d'abord connaissance avec le narrateur dont il ne sait finalement pas grand chose et dont il ignore même le nom. Et c'est à travers ce narrateur que le lecteur apprend petit à petit l'histoire de la relation tragique entre Armand et Marguerite.
Nous voici avec un deuxième point commun avec Manon Lescaut : les personnages. Armand, tout comme Des Grieux, est profondément épris d'une courtisane.
Pourtant, là où j'ai beaucoup douté des sentiments de Manon pour Des Grieux, ceux de Marguerite envers Armand sont plus clairs même si je reconnais avoir eu à un endroit un léger soupçon mais très vite dissipé.

Le début du roman m'a beaucoup rappelé Un amour de Swann de Proust dans lequel Proust détaille en profondeur les sentiments de jalousie de Swann à l'encontre d'Odette. le jeu du chat et de la souris auquel se livrent Odette et Swann est identique à celui d'Armand et Marguerite. Les sentiments (jalousie des hommes) et les comportements (dédain des femmes) des personnages sont similaires. Les scènes se ressemblent aussi comme celle où Armand/Swann guette le retour chez elle de Marguerite/Odette.
Le parallèle entre les deux couples s'arrête là car le duo Armand/Marguerite évolue bien différemment de son « presque reflet » proustien.

La relation entre Marguerite et Armand m'a profondément touchée et émue. Alexandre Dumas a merveilleusement exprimé les pensées et sentiments de ses personnages et d'Armand en particulier.
Savoir qu'en plus, cette histoire est basée sur du réel puisqu'Alexandre Dumas s'est inspiré de sa relation avec Alphonsine Plessis, n'a fait qu'ajouter au réalisme tragique du récit, de quoi vraiment me bouleverser.
Je me suis de plus beaucoup reconnue dans la réaction d'Armand, dans son désir de vengeance. C'est fou comme l'amour, quand il est passionné, peut atteindre des extrêmes, tant dans la passion elle-même que dans son exact contraire : la haine.

Avec La Dame aux Camélias, j'ai senti une proximité et un attachement à Armand et Marguerite alors que je n'avais éprouvé que de l'antipathie à l'égard de Des Grieux et Manon.
Le dénouement est aussi tragique que dans Manon Lescaut où il m'avait bien fallu ça pour éprouver enfin un peu de compassion pour les personnages.

Finalement bien que l'intrigue ne soit pas particulièrement originale (puisque certains des aspects sont régulièrement repris dans nombre de romans ou films sentimentaux), la force et la justesse des sentiments, le réalisme de l'histoire font que ce classique restera un de mes très bons souvenirs de lecture.

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Cette dame aux camélias reste bien mystérieuse. Seul roman d'Alexandre Dumas fils, on pourrait se demander si ce nom porteur et providentiel n'était pas un écran de fumée pour quelqu'un d'autre. On sait que le père a utilisé les services d'un nègre durant toute sa vie littéraire et il est quand même étonnant que son fils ait écrit cet unique chef-d'oeuvre sans jamais avoir récidivé. Polémique sans doute stérile et qui s'oublie d'elle-même devant la qualité de ce roman. L'auteur fait une analogie avec «Manon Lescaut» de l'Abbé Prévost en citant ce classique dés la première page . C'est vrai qu'il y a beaucoup en commun entre ces deux personnages féminins. Elles vivent toutes les deux de leur corps et se font entretenir par des hommes prêt à sacrifier leur fortune pour elles. Les deux ont aussi un amant jeune et désargenté. Pourtant, c'est là que s'arrête la comparaison. Quand Manon Lescaut se précipite sur une bonne occasion dès que l'argent lui manque, la dame aux camélias elle est prête à sacrifier son confort pour le jeune homme qui occupe ses pensées et son coeur. Alexandre Dumas fils preuve d'humanisme en dénonçant vigoureusement l'impossibilité dans la société du 19ème siècle de changer de statut ou d'aller au-delà de sa réputation. L' obsession du bon parti avait cours dans les milieux bourgeois ou la plus grande des peurs était la mésalliance. Sous la pression de la famille et de l'entourage, au lieu d'un merveilleux bonheur cette histoire se terminera en drame. A lire obligatoirement pour ressentir la force de cet amour sacrifié sur l'hôtel de la société...
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Une déchirante histoire d'amour! Les amours impossibles qui emportent tout sur leur passage!

L'amour surgit sans tenir compte des principes des hommes, sans tenir compte des interdits pour lesquels la société a prodigieusement érigé des barrières surtout lorsqu'on se retrouve au XIXe S où la bourgeoisie est encore une classe fermée, verrouillée, nul n'entre ici s'il n'est fortuné de naissance, pour les autres battez-vous pour se faire une place, c'est en cela que s'inscrit la vie de Marguerite Gautier, une femme courageuse qui brave le regard hautain des autres, qui brise les principes d'une bonne femme soi disant, en faisant sa fortune avec le commerce de son corps, une fille du monde, une entretenue, une fille de joie, une courtisane, une prostituée...celle qui a vendu son cœur...mais l'amour...

Comment aimer une courtisane étant pauvre? Encore il faudrait briser avant tout la gène du regard des autres. Armand Duval est amoureux, il décide de se lancer sur ce terrain mais le vent qui va souffler non seulement emportera tout mais il va déchirer tous ses muscles...L'auteur nous enferme alors dans sa tête, on se trouve coincé comme dans un labyrinthe où on se dit il va y passer...

C'est un livre qui vibre, qui tremble comme si l'auteur avait tremblé devant la beauté de Marguerite...non c'est comme respirait la folie dans les veines de Armand Duval...plutôt quand le cœur tonne des coups de carillon!
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Premier roman d'Alexandre Dumas fils, La dame aux camélias est considéré comme l'un des plus illustres exemples du romantisme en littérature. Tiré de l'histoire vraie et embellie des amours malheureuses de l'auteur avec la courtisane Marie Duplessis, ce roman très émouvant est plein de revirements, de coups de tête, des sursauts de la vie. D'un style d'une très grande subtilité, il nous immerge dans le quotidien fastueux et hérissé d'épines, de contraintes et de misères (je frôle le Balzac) de la vie des courtisanes.

Comme bien des jeunes hommes, Armand Duval est impulsif, orgueilleux, maladroit, mais c'est un coeur sincère qui aime sans réserve et veut se donner tout entier à l'objet de son amour. Il est prêt à affronter de manière inconsidérée le scandale dans lequel l'entraîne de plus en plus dangereusement sa passion. S'il n'est pas le premier à obtenir le corps de Marguerite, il est cependant le seul à avoir conquis son coeur. Et ce coeur, retranché derrière les remparts de froideur sarcastique d'une femme blasée à qui l'on n'en fait pas accroire, prédatrice des hommes hautains à la bourse bien remplie et proie des créanciers impitoyables, ce coeur se révèle le temps d'une saison d'amour et se prend à rêver à des projets pour aussi longtemps que sa santé déclinante pourra le soutenir.

L'idylle d'Armand et Marguerite fut aussi brève qu'intense. Ils auront tous deux connu cette flamme incomparable et elle aura connu la rédemption. Dans cette brève parenthèse d'un amour inconditionnel et total, où ils perdent la notion du temps et où la simplicité des sentiments est la seule nourriture qui leur importe, nos héros retrouvent l'innocence perdue qui rehausse les couleurs de la vie.

Histoire poignante, intemporelle, et au ton juste, La dame aux camélias est un chef-d'oeuvre de la littérature amoureuse sans la moindre fadeur, sans aucun artifice qui la ferait basculer dans la frivolité. Un classique à mettre entre toutes les jeunes mains, une bonne lecture pour l'âge du lycée et une relecture de temps à autre.
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Comme le monde change en si peu de temps, me dis-je quand je lis ces romans d'un siècle ou plus passé. On y entend le galop d'un cheval sur le pavé d'une rue sombre, on y sent encore le parfum de jardins sauvages au bout d'un sentier, en périphérie de Paris. Les jeunes hommes de bonne famille y dilapident l'argent de leur père en plaisirs oisifs et peuvent entretenir une courtisane avec l'accord tacite de ce dernier, à condition de ne pas en tomber amoureux.
C'est malheureusement ce qui arrive à Armand, et je ne dirai pas ce pauvre Armand car c'est bien la belle et moqueuse Marguerite Gautier, adulée de tous côtés mais tuberculeuse, qui est à plaindre ici.
C'est Armand qui nous livre le récit de cette liaison tumultueuse et maudite, de la passion qui le pousse à un comportement odieux, mais peut-on dire faute avouée à moitié pardonnée?
Il y a de nombreuses qualités à ce roman: une écriture ciselée et précise qui flirte avec un romantisme échevelé, une analyse des sentiments fine et sans pitié, et la transformation des deux personnages principaux entre le début et la fin du roman... on ne sait plus vraiment qui défendre, qui protéger. J'ai pourtant fait mon choix, et ce sera Marguerite, la tragique Marguerite.
Encore une fois, il ne me reste plus qu'à voir le film avec la sublime Isabelle Huppert dans le rôle principal.

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