AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Kirzy


La couverture, le titre, le résumé … Franchement, on penserait presque une blague à la Groland qui aurait imaginé un pays appelé Kalmoukie avec un président actuel ancien champion du monde de kickboxing et le précédent obsédé par le jeu des échecs au point de vouloir transformer sa capitale en Chess city.

Sauf que la Kalmoukie existe vraiment, c'est une petite et lointaine république fédérale russe à mi-chemin entre le Caucase et la mer Caspienne. Que son président actuel, Batou Khasikov, a été nommé par Poutine. Et que le palais dédié aux échecs existe réellement, désormais décrépi.

Bienvenue en Kalmoukie, donc, pour de vrai ! Et Marine Dumeurger, journaliste indépendante grande connaisseuse de la Russie, en est le guide parfait. Grâce à une narration très visuelle et précise, on parcourt à ses côtés, comme si on y était, cette république autonome méconnue, une des plus pauvres de la fédération russe. Et on est frappé de la découvrir si singulière avec son architecture soviétique qui côtoie d'immenses steppes peuplées d'antilopes saïgas et des temples bouddhistes ( c'est le seul territoire européen à majorité bouddhiste ).

Le portrait qu'elle dresse de la Kalmoukie est fascinant car il résonne de toute l'histoire heurtée du XXème siècle. Peuplée de descendants de nomades mongols, la Kalmoukie a subi les conséquences les plus lourdes des violences de l'URSS, entre répression et déportation.

Et c'est dans ce décor assez dingue qu'évolue Serge Toundountoff, le prince du titre. le premier chapitre nous le présentant est très intrigant. Cet ingénieur français a débarqué à Elista suite à une invitation. On le voit chevauchant en conquérant dans les steppes acclamé par une foule en liesse au cri de « notre prince est revenu », « vous êtes notre histoire, le gardien de la tradition kalmouke ». Une scène quasi prophétique qui révèle à Serge ce qu'il est devenu et qu'il a toujours attendu alors qu'il s'ennuyait en France.

Il est le descendant d'une illustre famille de Russes blancs qui ont fui l'URSS de Lenine après la guerre civile de 117-1921, ayant migré en France. Par son père, il descend du poète Alexandre Pouchkine, Dieu de la littérature en Russie ; par sa mère, d'une lignée princière de prestigieux cavaliers oïrats proche du dernier tsar Nicolas II.

J'ai regretté que la journaliste n'ait pas exploité au maximum le potentiel de cet incroyable personnage. On sent qu'elle hésite entre strict documentaire sur la Kalmoukie et portrait de ce Français qui se découvre prince adulé. le résultat est que le récit manque de folie alors que tout est fou dans l'histoire de Serge. Cela crée de la frustration car j'aurais vraiment aimé que sa personnalité soit plus creusée.

D'autant que la quête de Serge résonne avec l'actualité la plus chaude. L'Ukraine est toute proche de la Kalmoukie et on ne comprend pas l'acharnement obsessionnel de Serge à vouloir obtenir à tout prix le passeport russe, alors que l'administration russe lui en fait voir de toutes les couleurs. Oui, j'aurais vraiment aimé que le récit se débride et aille à l'os des enjeux effleurés dans les derniers chapitres.

Commenter  J’apprécie          9314



Ont apprécié cette critique (93)voir plus




{* *}