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Critique de bdelhausse


C'est un tel plaidoyer contre l'absurdité de la guerre que j'ai cru bien souvent que je me trouvais dans une BD de Tardi... Je peux difficilement écrire plus beau compliment, à mon avis.

Dumontheuil nous brode un conte sur l'horreur de la guerre, sur le cynisme des dirigeants, sur l'absurdité du monde. A-t-on perdu tout sens commun? Oui répond Dumontheuil...

Simon Virjusse se planque. Il le sait, la fin de la guerre est à quelques encâblures. Mais ne voilà-t-il pas que deux Fridolins s'approchent... Ne savent-ils pas que c'est fini? Ou presque... Et dans ce "ou presque", il y a toute la détresse de Simon Virjusse... Car il se retrouve nez-à-nez avec Manfred Kartoffel de part et d'autre d'une porte dressée sur un champs de bataille dévasté. Ironie du sort, débilité profonde de la guerre... Simon abat Manfred qui a le temps de lâcher sa grenade...

Bravo Simon ! Tu as gagné l'insigne privilège de devenir le dernier mort de la guerre. Comme le dit la Mort qu'il croise sous les traits de son voisin, seuls deux morts comptent dans une guerre: le premier et le dernier.

Et sur ces belles paroles, Dumontheuil déploie une fable. Et si 9 mois avant la fin de la guerre, on savait qui serait le dernier mort... Eh bien, on le fêterait, on le choierait, on le chouchouterait, il ne faut pas qu'il prenne froid, ni qu'il s'échappe... Et l'auteur de nous emmener dans les méandres de l'absurde. Une tragédie comique burlesque. On peut penser à l'Ombre du Corbeau, moins glauque. Car Simon, ce n'est pas le Goetz de Comès. Il veut jouir de la vie. Et on lui a vendu son sacrifice en lui disant qu'il mourrait pour "du faux" comme disent les enfants. Qu'on lui donnerait une nouvelle identité. Alors le Virjusse, il est serein... Mais tout ne se passe pas vraiment comme il le pensait. Ni pour lui, ni pour ce pauvre Manfred que les Fritz ont roulé tout pareil dans la farine...

Au-delà de l'absurde, Dumontheuil s'interroge aussi sur le héros, comment naît-il, qui est-il, comment le crée-t-on, et sur comment la société souhaite que la guerre soit perçue. Il y a notamment ce passage dans une sorte de Cour des Miracles où les gueules cassées festoient. C'est glaçant. De ce point de vue, cette BD est résolument moderne.

Un grand livre sur la guerre et nos élus.
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