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Critique de Allantvers


Lire "Amour monstre", c'est un peu comme faire plusieurs tours de grande roue à deux cent à l'heure et en ressortir le cerveau décapé, les repères au diable vauvert et les constructions mentales complètement chamboulées : une expérience de lecture absolument unique, à de nombreux égards.
D'abord parce que sur le thème du freak, du cirque, on ne s'attend vraiment pas à un tel niveau de qualité littéraire. Cela a été ma première grande surprise de découvrir dès les premières pages un récit finement construit, original dans ses angles narratifs, servi par une plume pleine de caractère et d'épaisseur. Impeccable sur la forme, donc.
Ensuite, parce qu'un auteur qui se permet de renverser les codes à un tel point, ça ne se croise pas tous les jours. Se faire culbuter les croyances et décoiffer les biais cognitifs, à partir d'un certain niveau ça ne se refuse pas.
Jugez-en plutôt, et ce sera mon troisième égard : parce que l'histoire en elle-même est une trouvaille dingue et géniale, et qui plus est elle donne à réfléchir.

Naine et bossue, Olympia porte le lourd poids d'être une enfant un peu ratée : elle n'a pas les puissantes nageoires de son grand-frère, la singularité de ses soeurs siamoises ni la capacité d'agir physiquement sur n'importe quelle chose de son petit frère Chick. Mais elle a Miranda, sa fille, si belle et si séduisante avec sa petite queue. Quand cette dernière, devenue adulte, se laissera convaincre de se la faire enlever, Olympia entre en scène. Et raconte comment tout en est arrivé là.
Et nous voilà partis dans l'histoire de cette famille de monstres, créés en toute conscience par les parents pour disposer d'attractions uniques pour le cirque itinérant qu'ils dirigent. Naîtront tour à tour les susnommés, l'affaire prendra de l'essor à mesure que l'aîné prend le pouvoir sur la famille et sur la cohorte de spectateurs "normos" qui viennent l'acclamer comme le nouveau messie.
C'est là que réside tout le génie de cette parabole déjantée sur la nature humaine : ce ne sont pas que les aspects esthétiques qui sont renversés mais aussi les valeurs, les croyances, les aspirations : aux yeux de la famille Binewski, ce sont eux qui rayonnent au milieu des "normos" affligeants de banalité, le mal est bon, la manipulation des foules parfaitement honorable, et plus l'aîné devenu gourou malmène ses adeptes, plus ils viennent en masse se faire charcuter orteils, puis pieds, puis membres entiers dans un élan cathartique halluciné.

Jubilatoire, malaisante, estomaquante, troublante, mais aussi touchante histoire d'une fratrie et famille aimante et soudée pour le meilleur, mais surtout pour le pire : malgré quelques longueurs, j'ai adoré.
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