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Critique de Takalirsa


J'ai été très touchée par ce livre découvert grâce à un documentaire de l'émission Passage des arts sur France TV intitulé « Les écrivains, le silence et les chats ». C'est un mélange d'anecdotes sur les chats et d'introspection, l'autrice revoyant « les étapes de ma vie sous l'angle des bêtes et de ce qu'elles apportent, les passages de l'existence qu'elles marquent ». Plus qu'une simple autobiographie, le texte est ponctué de réflexions pleines de sagesse et j'ai fait des pauses régulières dans ma lecture afin de bien peser ces mots qui, de manière inattendue, faisaient écho en moi. Anny Duperey a une écriture très délicate, à la fois élégante et pudique, et elle décrit les émotions avec une telle justesse qu'on se sent une connivence avec cette femme surprenante aux multiples facettes (c'est elle qui a réalisé la peinture de couverture et les croquis intérieurs).

Anny Duperey a eu plusieurs chats dans sa vie (et a pris soin de bien d'autres animaux), tous différents de caractère, et elle a développé une véritable psychologie de ces félins. Quand elle décrit certains moments de tendresse et de complicité avec l'animal, on s'y reconnaît. J'ai aussi adhéré à l'idée de connexion mentale (« Un chat avec qui on a un rapport intime est « branché » mentalement avec nous », pouvant même deviner que l'on est réveillé avant même qu'on ouvre les yeux) ainsi qu'à leur sensibilité aux ondes (« Cela lui plaît de nous sentir réfléchir, cogiter en silence, il se sent bien dans cette atmosphère. »). Mais Anny Duperey va bien plus loin car pour elle, « le chat porte au retour sur soi et à la vie intérieure ».

C'est l'un de ses « chats de hasard » (« ces petites bêtes qui tombent dans ma vie comme un cadeau du sort »), qui lui a donné envie d'écrire ce livre. Comme le tout premier, Titi, Missoui « est arrivée dans ma vie précisément à ce moment-là pour m'aider à changer profondément », comme un « doigt du destin » qui « vous brusque, vous surprend, hâte votre évolution ». L'autrice croit très fort à ces manifestations « d'un hasard qui n'en est pas un et qui signale ou place dans ma vie un être, un projet ». Ces événements inattendus ont largement contribué à sa vocation d'écrivain et c'est son travail d'écriture qui lui a permis de mettre à plat un certain nombre d'émotions douloureuses. Écrire dans la solitude de sa chambre, avec la présence bienveillante de son chat, est propice à l'introspection, et le travail de réflexion qu'elle induit est un chemin indispensable à la connaissance de soi (« La compréhension prématurée de la finalité de ce qu'on cherche, c'est le poison de l'artiste. L'explication tue la démarche artistique »).

Ainsi Anny Duperey ne se contente pas de parler des chats. Ceux-ci ne sont que le déclencheur de souvenirs d'enfance (les premières années auprès de sa grand-mère et de ses treize chats) et le révélateur d'émotions enfouies (la mort tragique de ses parents quand elle avait 8 ans). C'est donc toute une réflexion sur le fonctionnement de la mémoire qu'elle nous livre à travers le travail d'écriture, sur le métier de comédienne également, car si les acteurs sont « assujettis à leur image », « mon chat m'aida à être, simplement être, en oubliant de paraître ». Elle nous montre ainsi toute la richesse de la relation à l'animal, à la nature aussi, et comment celle-ci contribue à nous transformer, à faire de nous des êtres plus sereins, y compris, paradoxalement, dans nos relations humaines.
C'est un texte plein de douceur et de sagesse que je prendrais grand plaisir à relire.
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