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Critique de mordoc2


ÉTÉ POURRI À MELUN PLAGE de NICOLAS DUPLESSIER

Je connaissais et appréciais NIKOS le chroniqueur, pas encore NICOLAS le romancier.
Son talent d'écrivain allait-il être en adéquation avec sa virtuosité audiovisuelle ?
La vision positive que j'avais de l'un allait-elle influencer ma perception du travail de l'autre ?
Et surtout serais-je capable d'en formuler un ressenti objectif ?
A vous d'en juger…

Florian a une vie de merde.
Un job sinistre dans un dépot-vente, une caravane pour domicile, une triste routine en guise de vie amoureuse, une famille pas vraiment emballante, un cadre de vie tout sauf enchanteur.
Florian n'a plus d'espoirs, plus d'idéaux, si ce n'est de mettre un pied devant l'autre, avec pour seuls loisirs palliatifs un solide penchant pour la bouteille et quelques relations sexuelles épisodiques et tarifées.
Difficile de tomber plus bas, me direz-vous, quand on a dejà un pied dans la fange et l'autre dans une flaque d'huile…
C'est pourtant bien ce qui va lui arriver quand son ex amour, celle qui continue d'occuper l'essentiel de ses pensées, va reprendre contact avec lui furtivement avant de disparaitre à nouveau, le laissant seul avec son marasme.
Déboussolé comme jamais, Florian va se lancer sur ses traces, sans se douter un instant qu'il met les pieds dans un nid de serpents.

A partir d'une scène de vie tristement ordinaire, l'auteur va construire une histoire à mi-chemin entre polar et roman noir, portée par un personnage ambivalent capable de susciter aussi bien le rejet que l'empathie.
Florian est un anti-héros par excellence, un naufragé de la vie que les évènements vont propulser violement hors de sa zone de confort. Passif et couard par nature, il va se découvrir sur un coup du sort une vocation de héros et un courage à toute épreuve. Un costume bien trop grand pour lui.
Comme un gosse à qui l'on a offert le jouet tant convoité pour aussitot le lui confisquer, il va prendre tous les risques (inconsidérés) pour retrouver sa Roxane, quitte à y laisser ses dernières plumes.

J'ai bien aimé ce déglingo, assez pathétique de prime abord, qui va se muer en limier obstiné comme un clébard, faisant fi de ses doutes permanents et du danger pour retrouver celle qui, en fin de compte, donnerait un sens à sa vie.
j'ai adoré sa gouaille et ses réparties cinglantes et imagées qui fusent comme des riffs de Gibson, son humour noir et décalé face à des situations tendues comme les peaux d'une batterie. Et bien sûr aussi les références musicales et littéraires qui émaillent le récit de bout en bout.
Les personnages annexes ne manquent pas de piment ni d'intérêt eux non plus, et contribuent à l'élaboration de dialogues savoureux qui collent parfaitement au contexte, n'en déplaise aux puritains.

J'avoue avoir eu un peu plus de mal avec le scénario et ses ramifications assez complexes voire nébuleuses. Difficile parfois de s'y retrouver dans ce nid de frelons où les truands, leurs alliances et autres trahisons mènent une sarabande de tous les diables jusqu'au twist final où fort heureusement l'auteur, et le lecteur, finissent par retomber sur leurs pattes.

Au final, j'ai été favorablement conquis par le style alerte et bourré d'humour de Nicolas DUPLESSIER, mais est-ce une surprise quand on est familier des chroniques vidéos du bonhomme ?
Ému aussi par une facette plus intimiste. Celle qui le fait brosser avec une certaine forme de tendresse le désarroi de son personnage central face à la cascade d'embrouilles et d'adversité qui lui échoient sur le coin des naseaux. Touché enfin par le constat lucide qu'il dresse de l'état de sa ville et des sentiments contrastés qu'elle lui inspire, entre attachement viscéral et répulsion épidermique.
J'ai dévoré avec gourmandise ce premier roman truculent par le style et prometteur quant à la construction, tout juste un peu décontenancé par la complexité de l'intrigue proprement dite.
J'ai d'ailleurs envie de dire : il en pense quoi, Nico…d'en écrire un autre ?
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