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Critique de boubou10588


Bon sang de bon soir. J'ai été dure avec l'auteur de Sans alcool, je m'en rends compte en lisant ce livre. Parce qu'elle a réussi à lier enquête et « journal intime », avec une belle prose. On sent l'âme d'un écrivain, on lit un livre qui n'aurait rien à envier à d'autres romans. Ce n'est pas parfait, mais vraiment prometteur. Mais celui-ci… On reste dans le ton journalistique, avec tous les tics de langage qu'on entend à longueur de journée. Et c'est énervant, car on se demande pourquoi. Pourquoi ne pas trancher et faire un long article (car si l'on enlève tous les épisodes personnels, et les sources, il ne reste pas grand-chose), ou alors un journal, mais dans ce cas-là, travailler sa langue, nom d'une pipe en bois ! Sa vie, ses pérégrinations amoureuses sont plates, mais si plates qu'on pourrait tracer des lignes téléphoniques et rajouter des pigeons que ce serait moins plat. On est abreuvé de son manque de confiance avec l'impression de ressortir lessivé de l'appel d'une copine qui nous vide son sac dans les oreilles.

Cela manque de perspective. L'autrice dit à certains moments qu'elle a pu interroger d'autres personnes sur leur rapport à Tinder. Ben où sont-ils ? Cela aurait été intéressant, de voir d'autres conceptions. L'enquête n'en est pas vraiment une, puisqu'on a l'impression qu'elle tombe sur les bonnes personnes au bon moment, mais qu'elle ne creuse pas beaucoup. Ce sont juste quelques phrases rapidement scientifiques, quelques chiffres, mais toujours en surface. Oui, les réseaux sociaux, quel qu'il soient sont addictifs, oui, c'est matière à toujours plus de compétition, mais on n'avait pas besoin de ce livre pour l'apprendre. Je ne voulais pas faire de chronique à la base, parce que bon, y a d'autres trucs à faire que descendre des livres dans la vie, mais quand on lit les avis sur Instagram « C'est édifiant » et autres danses de la joie…on ne peut qu'avoir la moutarde qui monte au nez. Quand Delphine de Vigan devient la nouvelle norme, ou le nivellement par le bas.

Alors que Claire Touzard creusait et allait en profondeur dans son sujet, Judith Duportail l'effleure et se contente de sortir quelques poncifs qui luisent tellement ils sont poncés. Bref, on sent que l'article (je laisse ce lapsus volontairement) a été édité uniquement grâce au réseau de la journaliste. Et bon, des jeunes journalistes ou chercheurs talentueux qui aimeraient bénéficier d'un coup de pouce pour faire des recherches, y en a pléthore. Et non, en ressortant de ce livre je n'ai pas l'impression d'avoir lu le témoignage de « la française qui fait trembler Tinder », mais bien l'inverse. Ce qu'on en tire (je vous fais le résumé pour que vous ne perdiez pas trois heures de votre vie) : Tinder, c'est mal, les gens qui jugent sur le physique, c'est mal, et ceux qui larguent sans explication, c'est mal. La solution ? Trouver son Elo score (ou égo score, elle le dit elle-même, c'est à dire son score de désirabilité), pour vaincre Voldemort. Ah non ? Tant pis.
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