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Critique de Erveine


Chantal Dupuy-Dunier. Une carte. C'est moi ! dit le livre, il est beau. le ramage aussi ça compte et que dire de l'oiseau. Quand le ‘tout' me quitte je vois mieux. Ici ‘tout' est nouveau, un oiseau qui souvent s'est posé dans mon champ de vision. Qui est-il de mon présent ainsi transposé que je n'ai pas vu avant ? Une douceur de remplacement qui se construit peu à peu et me comble en mémoire pour demain. Très contente d'être visitée par cet oiseau du livre, le pic-vert, même si le mien est autre, qui siège sur la rambarde de ma terrasse, cet inconnu qui m'observe d'un regard vif et bref, et qui revient pourtant. Sylvain qui s'est acheté un livre sur les pics s'amuse à formuler le mot ‘pic' avec les noms/prénoms des auteurs Philippe Clergeau et Patrick Chefson ; de même que, lorsqu'il rencontre Stanislav à la bibliothèque, il va associer son bégaiement en mode saccadé au tape-tape du pic. le personnage de Sylvain qui est orphelin de mère et successivement délaissé par son père frappé d'Alzheimer se voit happé par un phénomène sensoriel qui l'attire vers cet oiseau de prédilection, le pic vert en particulier et les pics en général. Comme sa sensibilité est exacerbée, il lit les signes du quotidien de sa vie qui comblent un vide affectif et l'amènent à penser différemment. Si la lecture emprunte la poétique elle n'est pas sans fondement de réalisme quand on peut poser la question de savoir s'il n'y a pas des traces indicibles se trouvant sur nos chemins de destin. C'est pourquoi je parlais du mien oiseau, un faucon crécerelle qui vient me visiter et de nouveau s'élance aux bleus du ciel. Sylvain perçoit des choses nouvelles dans son monde qui s'élargit ; les murs de son habitat s'effacent et les pics traversent son univers. Puisque la norme n'est plus délimitée par une quelconque exemplarité, son propre père étant intimé ailleurs, Sylvain s'échappe, partant tôt et rentrant tard. Sylvain ne fête pas ses anniversaires ; enfin, on ne lui fête pas ; c'est-à-dire qu'il coïncide avec le jour de la mort de sa mère ; soit, qu'on lui fait porter le poids du décès de sa mère ; soit, qu'un adulte en souffrance n'a plus le don d'aimer quand il s'accorde protection à lui-même. Quand Sylvain s'en va rejoindre ses oncle et tante à Cronce et qu'il n'a plus d'affinité avec les lieux, il court dans la forêt de Montmouret pour retrouver ses chers oiseaux. C'est alors qu'il croise Françoise Vergne, la petite fille du vieux Claude ; Françoise qui le ramène d'Aile à Elle. Mais la frontière est faible entre le bec et la bouche et l'assertion nouvelle de Sylvain classant du côté de l'arbre les mortels et du côté du bec les autres. C'est alors que l'entendement est interrogé lorsque la destinée s'acharne à nous enlever des proches. La lecture du présent, entre, mots et signes, revêt une résonnance accrue sans qu'il soit pourtant détecté par l'oeil ami et attentif une altération de la pensée.
Il y a une complétude dans ce livre, et du mouvement, même si, l'ambiance oscille entre poétique et analyse quand on est confronté à l'homme fondu dans un monde animal jusqu'au suspens final qui laissera au lecteur le soin de conclure. Une découverte mémorable. La Déviation pour l'éditeur et Babelio pour le circuit. Merci.
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