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Critique de francispuyalte


"Le gendarme rosse Guignol", aurait pu être le titre du livre de Robert Durand. Mais, en sous-titre, s'imposait ce vocable : "les Irlandais de Vincennes". Appellation arrimée à une nébuleuse affaire politico-judiciaire émaillée d'épisodes tragi-comiques. Retentissante, inextricable, interminable, elle est sans doute ignorée des jeunes générations, mais elle restera dans les annales de la Vème République. Et en partie grâce à cet auteur, qui en fût à la fois un acteur et un observateur aux premières loges, avant d'y consacrer une belle tranche de vie grâce à sa plume.
Et quelle plume !
Le style d'abord. Il y a du Rabelais chez Durand. Au fil des 290 pages, on sourit presque constamment, on rit souvent et on éclate de rire parfois. Car cet ancien sous-officier de gendarmerie a le sens de la formule cocasse, du mot qui fait mouche, des croquis picaresques. C'est un festival de truculences et de fulgurantes trouvailles de langage. Un régal.
Mais si la forme est jubilatoire, le fond est moins hilarant. C'est une histoire de gendarmes et de gendarmerie. Une authentique histoire, pas du Bourvil. Nous voici en immersion dans un marigot de lâchetés et de couardise, de pusillanimité et d'opportunisme. Un monde frelaté qu'on imaginait pas être celui de ce corps d'élite. Enfin, soyons justes : Durand affirme ne pas s'en prendre à la gendarmerie, mais seulement à des gendarmes. Toujours est-il que le major, comme s'il tapait un tambour, distribue ses volées de bois vert. Chacun en prend pour son grade, des maréchal des logis aux généraux. Hou là là ! Quelle baston !
Guignol, sa cible principale, est aussi un gendarme. Un triste sire en qui son
contempteur voit le plus grand menteur de l'histoire de la gendarmerie. C'est dire ! Un officier dont l'imposture n'aurait peut-être jamais été révélée, en tout cas avec autant de rigueur et mille détails, s'il n'avait pas croisé sur sa route notre Zorro à la plume trempée dans du vitriol.
L'affaire des Irlandais de Vincennes, c'était à l'ère de François Mitterrand. C'est vieux. Mais, sous la plume-pinceau du major Robert Durand, elle reste et restera toujours contemporaine comme une comédie de moeurs classique, une fresque baroque sur la nature humaine.

Francis Puyalte

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