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Critique de Ambages


« Se livrer corps et âme, c'est ça. C'est l'équivalence non seulement d'une possession amoureuse, mais d'un mariage.»

Hiroshima mon amour, une envie de le relire plus de trente ans après. Je savais que j'avais adoré ce livre adolescente. L'amour entre Riva, jeune fille française et un allemand, pas beaucoup plus âgé qu'elle, avait du prendre le pas -« la faute, à Nevers, est d'amour »- sur la rencontre japonaise, plus nébuleuse pour une jeune fille -« Tu me tues. Tu me fais du bien. J'ai le temps. Je t'en prie. Dévore-moi. »
Qu'y verrais-je aujourd'hui ? Une légère inquiétude... En tout cas je pensais découvrir plus en détail l'intégralité du livre, avec l'expérience d'une vie de femme.
Je me dis : cette fois je le lis tout doucement. La première fois, je l'avais croqué, fougue de la jeunesse... Je prends le temps cette fois-ci. Quelques pages dégustées chaque jour, le temps de bien s'imprégner des mots. Je tiens... je tiens pas longtemps.
La même violente folie se déchaîne après quelques pages et je le dévore à nouveau. Il est des mots, des assemblages de mots « tu me donnes beaucoup l'envie d'aimer », d'idées « c'est par faute d'imagination des hommes que je fus déshonorée », de sensations « on sent qu'entre eux l'érotisme est tenu en échec par l'amour » que Marguerite Duras présente avec une telle fluidité sur des thèmes douloureux, qui m'embarquent toujours autant et me touchent instantanément.
Et puis j'arrive aux dernières pages, et je découvre... une trace estompée par le temps, laissée par une gamine. Un trait de surligneur sur une phrase, des mots. le choc. J'avais pensé ses mots pendant des années, comme une évidence, comme une idée mienne. Et je constate que c'étaient vos mots Madame Duras. « Je n'ai rien inventé. » Vos mots qui m'ont accompagnée pendant si longtemps inconsciemment... Je suis heureuse car vous me permettez de mieux me comprendre (je remercie aussi ce petit crayon qui ne s'est pas effacé malgré le temps, une couleur chaude, un rouge capucine, en harmonie avec ma couverture de l'époque, une bouche rouge sur laquelle souffle le nuage d'Hiroshima). Au final ? Je crois que j'avais lu ce livre. « Je connais l'oubli. »
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