AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de popie21


Chère Marguerite,

Me permettras-tu de te tutoyer Marguerite ? Quel joli prénom ! Marguerite, ô Marguerite, j'effeuille ton nom parce que je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout.
Enfant, je te voyais dans les émissions télévisées, je te trouvais austère, intellectuelle brumeuse, imperméable, indécodable. Aujourd'hui que je te relis pour la première fois depuis le lycée, je m'aperçois que certains de ces aspects se retrouvent dans ton livre mais pour autant ils ne m'apparaissent plus aussi négatifs, au contraire tu as ouvert une petite porte dans mon esprit que je croyais fermée.

Pour être honnête avec toi, au départ cette histoire de ravissement ne m'enchantait guère, mais je me devais de la découvrir pour supporter mon fils dans son effort pour te comprendre, lui qui n'a pas le choix de te lire.

J'ai d'abord cru que je ne me trompais pas. Chère Marguerite, ton écriture est ardue, presque étrangère, combien de fois ai-je dû relire certains passages pour en saisir la substance, je ne le sais plus moi-même. Ta poésie semble une bulle de savon suivant les fantaisies d'une brise d'été, virevoltante, imprévisible, arc-en-ciel humide et flamboyant, éphémère qui se meurt dans un plop éclatant de surprises. Mais je le sens Marguerite, tout est travaillé, rien n'est laissé au hasard, c'est même comme ça que tu m'as cueillie.

Non que l'histoire de Lol soit exceptionnelle, mais elle est intentionnellement floue. Car enfin Lol est-elle folle ou bien guérie ? Subjuguante, on voudrait l'atteindre, la posséder même, mais elle reste insaisissable, fuyante, absente. Enlevée à elle-même par la force de la sensualité d'une danse, elle est pourtant bien là, avec nous, raisonnante et rayonnante. Vivante d'amour et d'absolu, elle se cherche et elle nous trouve.

Tu te joues de nous Marguerite, tu casses les codes, judoka des mots tu m'as mise au tapis. Je me connais, j'aurais dû détester ce livre et pourtant… Quelle magie incantatoire as-tu utilisée pour qu'à mon tour, à l'instar du narrateur : “À sa convenance j'inventerais Dieu s'il le fallait.”, je me retrouve fascinée par Lol ? Car j'ai été ravie par “Le Ravissement de Lol V. Stein”, ravie par son mystère, par ses non-sens, ses non-dits mais aussi par sa poésie brute et insaisissable. Cette Lola, est-ce un peu de toi Marguerite ? Mystérieuse et déterminée, peut-être un peu “perchée”.

Je ne suis peut-être guère plus claire que toi Marguerite, je crains de ne pas t'avoir toujours comprise, de n'avoir pas toujours suivi les chemins de traverse que tu as tracés, mais ce qui me reste de ton roman c'est un mystère enivrant et une poésie qui, lorsqu'elle m'a atteinte, m'a ravie. Je ne sais si c'était ton désir, Marguerite, mais je voulais que tu saches qu'à force de mensonges, d'omissions, d'imprécisions, d'abstractions et de douce folie, jamais je n'oublierai Lola Valérie Stein.

De ton effeuillement je garde “à la folie”, merci Marguerite,
Sophie
Commenter  J’apprécie          9013



Ont apprécié cette critique (72)voir plus




{* *}