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Critique de Eric76


J'entre sur la pointe des pieds dans la maison de Neauphle, l'antre, le refuge, la retraite de Marguerite Duras. Je m'arrête à côté du piano qu'elle a acheté en même temps que la maison, et je la regarde écrire.
Marguerite Duras écrit « quand la nuit commence à s'installer. Quand le travail cesse dehors. » Elle a ce luxe de ne pas avoir d'horaires à respecter.
Il lui faut des conditions drastiques pour pouvoir écrire.
Etre seule d'abord. Seule avec son livre non encore écrit. « Seule avec l'écriture encore en friche. » Elle a besoin de cette solitude qui dévore tout, une solitude si envahissante qu'elle se met parfois en danger, risquant de basculer dans la démence.
Il n'y a rien de construit dans son acte d'écriture. Il n'y pas de techniques particulières. Pour Marguerite Duras, l'écrit « c'est comme le vent qui passe. » C'est comme un dédoublement de personnalité. Je devine une intense jouissance quand elle entre dans cette terre inconnue, mais aussi une grande souffrance. L'écriture, à ce point d'exigence et de déraison, n'est-elle pas une maladie ?
En tous les cas, s'il y a bien une chose qu'il ne faut pas faire, c'est de savoir ce qu'on veut écrire, avant d'écrire.
Les mots et les phrases employés dans ce livre sont d'une grande simplicité, mais derrière cette simplicité, se cachent des amours torrides et des haines assassines, des vertiges et des folies si éloignés de moi que je ne pourrai jamais les comprendre.
Je reste tout bonnement saisi par le silence épais qui entoure l'écrivaine, par cet acte quasi religieux d'écrire avec ses rituels tellement compliqués, et je sors de la maison comme j'y étais entré, sur la pointe des pieds, laissant Marguerite Duras assise par terre, en train de contempler, comme fascinée, une mouche en train de mourir.
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