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Critique de JPBouzac


Ce livre que je viens de lire grâce à « Masse critique » me pose problème. Bien qu'étant né un quart de siècle après l'auteur je partage bon nombre de ses opinions et même de ses expériences dans cette Mitteleuropa élargie qui fournit le titre et le cadre du livre. Je me suis donc tout particulièrement réjoui d'avoir été choisi pour lire et critiquer ce livre, entre tous les livres cochés et entre tous les candidats. Et c'est principalement parce que, comme Raymond Durous, je suis convaincu que nous autres « Européens de l'ouest » n'en savons pas assez sur nos voisins de l'est, sur leurs pays, leurs cultures, leur histoire souvent dramatique et parce que je crois que cette expérience est à la fois très enrichissante pour chacun d'entre nous et plus que jamais nécessaire pour éviter le renouvellement des côtés les plus inhumains de l'histoire (ce n'est pas du luxe : ex-Yougoslavie, Russie-Ukraine…), c'est pour cela que ma « note » est moyenne alors que le livre m'a déçu à plus d'un titre. Ce qui m'a plu : les récits de rencontres personnelles souvent inopinées.
Le désordre chronologique du récit ne me convainc pas vraiment, tout au plus il me dérange un peu à plusieurs endroits, mais il ne constitue pas une entrave sérieuse à la lecture.
Alors quels sont les points faibles de ce livre ? Tout d'abord l'intérêt présenté par les histoires est très divers. le livre commence par une description de la Finlande qui tient tout de la carte postale. La distorsion entre le but de l'ouvrage (voir ci-dessus) et les moyens employés est flagrante. C'est regrettable car les descriptions cartpostalisantes se multiplient au fil des pages. Elles sont peu à peu complétées par des descriptions non moins générales sur l'élite intellectuelle et sportive des pays traversés. Il y a un côté « Oberlehrer » (donneur de leçons) qui me paraît être bien mal placé, car c'est soit trop, soit pas assez. Pire, et cette fois, c'est moi le donneur de leçons, le livre est rempli d'erreurs. On nous explique page 101 qu'un Polonais ne peut-être que catholique et cela depuis 1795. Et on oublie ainsi non seulement les protestants, les chrétiens orthodoxes, les sectes judéo-chrétiennes diverses, la poignée de musulmans descendants des Tatares et… la communauté juive ! C'est d'autant plus étonnant que l'auteur s'attarde volontiers sur l'holocauste qui a eu lieu en grande partie sur le territoire de la Pologne occupée. Je suis le premier à penser qu'il faut garder la mémoire de l'holocauste et préserver les sites de mémoire en Pologne ou ailleurs. Mais je suis choqué de constater qu'une fois de plus en évoquant le soulèvement du ghetto de Varsovie, on en oublie le soulèvement de Varsovie un an plus tard. La guerre a fait 6 millions de victimes polonaises non juives.
Une autre simplification abusive concerne le soulèvement du 17 juin 1953 en RDA, le premier soulèvement contre l'envahisseur soviétique et le dernier en Allemagne. Cette révolte qui avait gagné tout le pays et non seulement Berlin-Est a été sauvagement écrasée par les chars soviétiques : elle a fait entre 55 et 75 victimes sans compter les 1600 personnes incarcérées.
Il semble que la dictature hitlérienne soit plus importante aux yeux de l'auteur que la dictature soviétique. Sur ce point nous ne sommes pas d'accord du tout. Pour moi la dictature de Staline n'a rien à envier à celle d'Hitler, non seulement elle a été aussi meurtrière, mais en plus elle a duré beaucoup plus longtemps, traumatisant, martyrisant plusieurs générations d'Européens.
L'auteur aime la belle ville de Wismar. C'est son droit et on le comprend. Mais pourquoi nous dit-il que Werner Herzog y a tourné son film « Nosferatu » ? Ce film a été tourné au Mexique, aux Pays-Bas, en Allemagne (Partnachklamm, en Bavière et Lübeck) et en Tchécoslovaquie…
Je pourrais multiplier les exemples d'erreurs géographiques, historiques, dates, faits, chiffres.
Un dernier détail qui est important pour moi : apprendre à connaître son voisin, cela commence par apprendre le nom de ses villes et de ses personnalités. Je trouve donc très dommage que l'orthographie choisie soit la version française en général, voire la version allemande (pour des régions hors d'Allemagne !).
En résumé, voilà un livre plein de bonne volonté et plein d'erreurs en même temps. A recommander à ceux qui ne savent rien sur la question où aux lecteurs à la fois bien renseignés et indulgents.
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